Commentaire de volt
sur « Flatland » - Fantaisie en plusieurs dimensions


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volt volt 23 mai 2013 11:57

rien de pessimiste, c’est juste des appels pratiques de ce monde qui n’est rien, comme on dit « j’ai des choses à faire dans le réel, je reviens... »


j’ai lu votre artcile sur la « comm. paradoxale », je préfère répondre ici, sachant par ailleurs qu’entre Hervé, JL et Philouie, trois pistes sont déjà ouvertes, et ce n’est pas une incidente dans ma quatrième qui vous perdrait...

en vous lisant j’ai pensé à un vieux titre « la perduasion clandestine » de vance packard je crois qui est au moins parallèle à la question mais qui concerne la communication publicitaire ou l’information de masse ; ayant moi-même travaillé un moment dans la pub, je me suis intéressé à la lecture psychanalytique des messages publicitaires en termes de processus primaires, processus secondaires, plaisir et bénéfice, etc. vous ne pouvez pas imaginer l’ampleur et la profondeur de la manipulation à laquelle les spectateurs sont livrés.

mais venons-en de plus près au sujet de l’article, certes le double-bind est une terreur, mais j’ai pensé en vous lisant que le psychanalyste dans son exercice doit devenir un artiste de l’interprétation ; et comme cette interprétation ne se fait pas d’un coup, elle se fait par ouverture de pistes, elle doit surtout ouvrir un travail pour le patient, ainsi, l’analyste doit pratiquer une certaine ambiguïté, il est certain qu’elle n’est pas du double bind, mais il y faut une ouverture, une respiration, souvent donc on peut y friser le paradoxe, mais comme il n’y a pas d’injonction au sens presque impératif, alors le jeu est ouvert, et un je s’ouvre avec.

je m’étonne à vous lire tant concentré dans une suite logique d’articles tournant autour de la même question que vous n’ayez jamais évoqué de près les méthodologies des sectes auxquelles vous faites référence rapidement dans cet article, à moins que ce ne soit déjà fait, je veux dire recrutement, prise de contrôle, etc. , le parcours classique dans ces « îlots du bonheur »...

j’ai songé que peut-être l’antipsychiatrie de ronald laing et consorts pourrait vous être utile un jour, notamment « le moi divisé » sur les rapports du schizophrène au milieu, et surtout « la politique de l’expérience » dont je me souviens que c’était un grand travail. 
autre référence celle-là pour vous nettement plus utile, et directement liée à vos questionnement : « l’analyse caractérielle » de wilhelm reich, ainsi que « la psychologie de masse du fascisme » qui peuvent être très éclairants, notamment sur les concepts de « carapace », et « peste émotionnelle », etc.

pour en venir plus directement à votre texte, il me semble que l’implication du double-binder est importante, car vous présentez un schéma de base, une ossature une structure, vous montrez des exemples, mais c’est comme si le moteur de tout cela demeurait caché, quelles sont les motivations ? en quoi ces deux-là sont-ils impliqués et surtout liés l’un à l’autre ? 
voilà qui sans doute, faute de place dans un article long, ne pouvait être envisagé, pourtant c’est une grande clef, car malgré le jeu de tension, ce n’est pas seulement qu’une complicité de fond s’installe, c’est que le double-bind opère sur le fond de cette complicité, un certain jürg willi a forgé dans ces alentours le concept de « collusion fantasmatique ».
car il faut bien considérer que du fait que cela dure et s’installe, il s’agit d’une dynamique de couple, et feuilleter un auteur comme lemaire sur le couple pourrait s’avérer éclairant sur ces scénarios à deux.

toujours à propos de la bibliographie, je ne sais si je me trompe, mais il me semble que searles a fait de son article un bouquin ; plus encore, que vers la fin de sa vie, m’a-ton dit, en catimini, il aurait fait le « choix de la psychose » ! 
« ne devient pas fou qui veut... » disait lacan, mais quand on l’est déjà en sourdine, c’est une formalité...

pour en revenir au double-bind, on ne peut pas considérer qu’il « suffit » à rendre fou, 
du point de vue psychanalytique, si dans l’enfance précoce, notamment avant trois ou quatre ans, les conditions d’une psychose ne sont pas réunies, alors quelle que soit la puissance des injonctions paradoxales à venir, elle ne viendront pas à bout du moi. 
c’est ici que la lecture de margaret malher peut s’avérer très utile.

parce que la dissociation qui s’opère sous le double-bind n’est pas entre conscient et inconscient, quoi de plus normal au fond... non, elle force à tenter le refoulement, mais ce n’est pas lui qui entre en jeu : 
d’abord une agressivité monte, il est impossible de la verbaliser, de l’extérioriser normalement, on peut la retourner contre soi en culpabilisant, mais même cela ne suffit pas, alors restent des mécanismes plus régressifs, comme la projection, car l’élaboration et l’ambivalence ne sont pas ici possibles, et alors la fissuration du moi s’installe, c’est alors justement que si la base du moi est fragile on abouti au « moi divisé » de ronald laing, donc la dissociation est dissociation du moi, dont certes une bonne partie est inconsciente.
pour comprendre cette géographie, un regard jeté sur la différence entre « position paranoïde-schizoïde » et « position dépressive » selon mélanie klein est essentiel, essentiel vraiment, car c’est dans le passage de l’une à l’autre que se décide s’il y aura clivage du moi où unification ambivalente.

j’arrête là cette digression, en vous demandnat d’excuser le désordre, et sachant que dans ce panier vous saurez cueillir l’utile et balancer les conneries.

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