Commentaire de Emmanuel Cattier
sur Congo-Brazza – RD Congo – Rwanda : A quoi joue Sassou-Nguesso ?


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Emmanuel Cattier 18 août 2013 09:39
Cette brillante analyse oublie deux faits majeurs :
  • Le génocide des Tutsi en 1994 au Rwanda
  • Le refus (ou l’impossibilité) des auteurs du rapport mapping de l’ONU de chiffrer le nombre de victimes de 1993 à 2003 au Zaïre-RDC

En ce qui concerne le génocide, la justice rwandaise a traité environ un million et demi de dossiers de présumés génocidaires. Environ 20 % d’entre eux furent acquittés. Même si l’on considère qu’il y a nécessairement eu des erreurs judiciaires, comme dans toute justice, et que certains innocents furent condamnés et certains coupables furent innocentés, on mesure quand même l’ampleur du nombre de génocidaires qui n’avaient plus la conscience tranquille lorsque le pouvoir bascula au Rwanda en juillet 1994. Cela entraîna une fuite massive au Zaïre.

En ce qui concerne le rapport mapping, je vous cite un chapitre de sa page 49 et sa note 87 :

« Ces dix années ont, en effet, été marquées par une série de crises politiques majeures, des guerres ainsi que de nombreux conflits ethniques et régionaux qui ont provoqué la mort de centaines de milliers, voire de millions de personnes 87 »
« Note 87 : L’International Rescue Committee (IRC) a mené quatre études sur la mortalité en RDC entre 1998 et 2004. Selon l’IRC, depuis le début de la deuxième guerre en août 1998 jusqu’à la fin du mois d’avril 2004, environ 3,8 millions de personnes auraient péri, victimes directes ou indirectes de la guerre et des conflits armés. Il est à noter cependant que la méthodologie retenue par l’IRC pour déterminer le nombre de morts indirects repose sur des études épidémiologiques et des estimations de croissance démographique qui ont pu être contestées. Compte tenu de son mandat, il ne revenait pas au Projet Mapping de se prononcer sur le nombre total de personnes mortes ou tuées du fait de la situation en RDC au cours de la période considérée. »

Par ailleurs trois démographes de l’Union européenne on aidé la RDC à établir ses listes électorales et deux d’entre eux ont publié une conclusion selon laquelle il n’y aurait eu « que » 183 000 morts (cent quatre vingt trois mille) lors de la deuxième guerre du Congo, sinon la RDC serait curieusement passée d’une espérance de vie de 42 ans à plus de 60 ans en période de guerre. Si on inclut les deux guerres de Congo, on mesure donc que quelque part il y a des gens qui se trompent entre deux à quatre cent mille morts et 8 millions de morts. On comprend dès lors l’embarras des auteurs du rapport mapping à véritablement chiffrer le nombre de morts, car beaucoup de décisions internationales ont été prises sur les bases d’un nombre de victimes désormais contestables.

Mais par honnêteté ces auteurs du rapport mapping auraient quand même pu donner un ordre de grandeur crédible en fonction de leurs enquêtes, même en faisant des réserves par prudence, et non laisser les les chiffres varier d’un facteur de l’ordre de 20 à 40 selon ce que l’on compte dans les médias ! Cela montre aussi qu’ils n’avaient pas une entière confiance dans les témoignages qu’ils ont « mappés » ou que leur intention était autre que de faire toute la lumière sur les faits. Quand à traiter cela dans une petite note, c’était vraiment se foutre du monde.

Toutes les références de ce que j’avance sont sur cette page :


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