Commentaire de Philippe VERGNES
sur Pervers narcissique : mythe ou réalité ? Point de vue critique (partie 1/2)
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@ Marc CHINAL, Bonjour,
A testeur, testeur et-demi (ce n’est pas à un vieux singe qu’on apprend à faire la grimace).
Lorsque je vous dis que vous m’amusez beaucoup, c’est réellement… que vous m’amusez beaucoup ; et ce, malgré toute l’ironie dont j’ai fait preuve dans mes précédents messages. Ironie bien volontaire, car encore une fois : vous cherchez la paille dans l’œil du voisin tout en oubliant la poutre qu’il y a dans le votre.
Autrement dit : vos interventions sont pétries de contradictions que vous ne parvenez même pas à percevoir de vous-même (c’est un peu aussi pour cela que je vous ai laissé dans l’expectative : simplement pour ‘tester’ votre capacité d’introspection).
Venons-en au sujet de votre message : l’art de l’interprétation.
Effectivement, l’interprétation est bel et bien un problème consubstantiel à la réification et elle diffère de tout un chacun. C’est un fait dont vous conviendrez (je suppose) aisément.
Ainsi, lorsque vous dîtes : « Parce que votre article mélange énormément de concepts, tourne en boucle et laisse dubitatif. Prenons un exemple au hasard (avec suppression des ref. pour améliorer la lisibilité) : “… le pervers narcissique n’est que la réification du concept de perversion narcissique attaché à l’idée de ‘mouvement’ ou de processus. Il en matérialise la manifestation sous forme ‘réifiée’ qui nécessite une certaine démythification à laquelle s’emploient les critiques de cette théorie...” Sérieusement, vous pensez apporter un éclaircissement de la nature humaine avec de telles phrases ? »
Que cet article mélange énormément de concepts, j’en conviens. Tel est le lot des démarches transversales et pluridisciplinaires qui rajoutent une difficulté supplémentaire ÉNORME dans ses tentatives de vulgarisation. Cela s’appelle créer des reliances interdisciplinaires qui exposent tous ceux qui se sont livrés précédemment à cet exercice à l’hégémonie des sciences ‘univocistes’ ou celle de ceux qui ne jurent que par UNE seule (la leur) interprétation possible des ‘choses’.
Science avec conscience, vous avez entendu parler ? Que cet article vous laisse dubitatif et demanderait à être mieux construit, je ne puis qu’intercéder en votre faveur dans le sens où tenter d’articuler la notion de ‘réification’ avec celle de ‘représentation’ ou de ‘symbolisation’ (cette dernière ayant largement été traitée ce dernier siècle par la psychanalyse justement) était vraiment ‘rébarbatif’, même pour moi.
Si vous lisiez Georg LUKACS ou Axel HONNETH, vous comprendriez peut-être la difficulté de la tâche, mais si je me suis contraint à un tel exercice, ce n’est que pour trouver de nouvelles pistes à creuser pour mieux ‘symboliser’ les ‘forces’ à l’œuvre actuellement dans la destruction de notre humanité.
‘Forces’ très bien décrites justement par la théorie de la perversion narcissique, mais que vous éludez encore une fois puisque, par commodité vous supprimez dans votre démonstration les liens indissociables auxquels je fais référence (que selon toute vraisemblance, vous n’avez pas lu).
Dès lors, vous simplifiez à l’excès pour parvenir aux conclusions qui sont les vôtres. Or, toute simplification, toute réduction, est une mutilation (cf. une fois de plus Edgar MORIN ou mes nombreuses citations de ses écrits dans mes articles).
Avez-vous déjà entendu parler d’Alfred KORZYBSKI et de sa Sémantique Générale ?
Sinon, il serait temps pour vous de vous y intéresser, cela pourrait vous être grandement utile pour les démarches que vous entreprenez. Vous y apprendrez beaucoup de notions qui vous aideront à mieux interagir avec autrui.
Le « à qui parlez-vous, sinon à vous-même ? » n’est qu’une énième tentative de dénigrement qui, je dois le noter, a baissé d’intensité dans vos propos depuis le début de cette discussion.
Sur ce chapitre-là : « Le plus intéressant est que vous allez tout de même chercher les informations à leurs sources (comme pour le texte dont je vous ai donné le titre) – ( un compliment que je ne peux malheureusement pas vous rendre) –, mais leur interprétation est évidemment... une interprétation. Exemple, lorsque vous en reprenez les mots : <<<< FREUD lui-même précise ceci : « la psychanalyse est à mi-chemin entre la médecine et la philosophie. <<<< La phrase exacte de FREUD présente dans ce texte est : <<<< D’où, la fausse position de la psychanalyse, à mi-chemin entre la médecine et la philosophie. <<<< Comment analyser la différence entre ce que vous citez et ce qui est écrit dans le texte ? »
Simplement par le fait que je n’ai pas voulu faire l’effort de trier le bon grain de l’ivraie (une fois de plus) dans ce texte de FREUD. Dans la phrase d’origine, « d’où » est utilisé comme pronom relatif représentant un segment de discours qui précède la phrase d’origine que vous citez. Or que dit FREUD dans ce segment de discours ? Il parle des reproches faits à la psychanalyse, d’une part, par le médecin qui « classe la diversité kaléidoscopique des phénomènes pathologiques en s’efforçant toujours de les ramener à des causes de troubles d’ordre somatique, anatomique ou chimique » (démarche qu’il qualifie de ‘mécaniste’ ou matérialiste), et d’autre part, par le philosophe qui « l’apprécie (la psychanalyse) selon la norme des systèmes ingénieux qu’il s’est construits lui-même, lui reproche de partir de postulats impossibles ; et à ses conceptions premières — qui commencent à peine a se développer — de manquer de clarté et de précision ».
D’où il ressort, c’est tout à fait exact, mon interprétation (en fait celle que je me suis toujours fait de la psychanalyse) en ayant remplacé « d’où, la fausse position de la psychanalyse… » par « la psychanalyse… ». Parce que la psychanalyse est l’exemple même d’une science (comme tous les dogmes scientifiques qui tombent les uns après les autres) dont la démythification est nécessaire.
Mais encore une fois, il est important de relativiser ce texte par rapport aux contextes de la période où il a été écrit et aux connaissances que nous possédions alors du fonctionnement humain. Ce que finalement fait FREUD en précisant : « qui commence à peine à se développer ».
Dans mon interprétation de la psychanalyse, j’ai apparemment un gros avantage sur vous : je connais l’histoire des deux (2) FREUD, celle que le mythe actuel s’ingénie à tout faire pour la cacher aux yeux du grand public (Kurt SCHNEIDER : « une science qui ignore son histoire est une science qui ne se connaît pas »).
De ce fait, il m’est possible de trier le bon grain de l’ivraie dans les conceptions freudiennes, tâche au combien rebutante dont il vaut mieux s’exonérer en mettant tous les apports de cette discipline dans le même sac et jeter le tout aux ordures. Ce que vous faîtes très bien, mais ce faisant, vous vous interdisez de porter un regard sur les phénomènes ‘obscurs’ qui entravent le développement de solutions nouvelles, où comme le dis si bien FREUD dans votre texte donné en référence sur « la résistance à la psychanalyse » : « Tout cela ( les critiques portées à la psychanalyse par les médecins et les philosophes de l’époque) suffit à expliquer que, dans les cercles scientifiques, on accueille la psychanalyse avec malveillance ou avec des hésitations. Mais cela ne nous fait pas comprendre les éclats d’indignation, de raillerie et de mépris, l’oubli de toutes les règles de la logique et du goût dans la polémique. Pareille réaction nous fait supposer que la psychanalyse n’a pas mis en jeu que des résistances intellectuelles, mais aussi des forces affectives. Et à vrai dire, le contenu de cette science justifie semblable effet sur les passions de tous les êtres humains, et non seulement des savants ».
Pour le dire plus simplement, la psychanalyse permet de comprendre les défenses intrapsychiques mises en œuvre par tout individu opposant une résistance aux changements de modèles.
Compte tenu du fait que vous proposez vous-même un changement de modèle de société, je vous prédis que tôt ou tard, lorsque vous serez suffisamment blasé par les échecs successifs de vos différentes tentatives, et à condition qu’alors vous ne baissiez pas les bras, vous en viendrez à chercher les raisons de vos échecs ce qui vous conduira immanquablement à étudier certains concepts psychanalytiques.
Cette longue digression à laquelle vous m’avez conduit au travers de vos interventions m’amène toutefois à vous rappelez une phrase que vous avez tenu à mon sujet : « retour (peut-être vouliez-vous dire « recourt » ?) à la méthode du “changement de sujet”, familier de tout manipulateur lorsqu’il est coincé » (Marc CHINAL le 13/10 à 15:11).
Ne serait-ce que pour pointer là une de vos très nombreuses contradictions dont il me faudrait écrire un article entier si je voulais toutes les démontrer tant vous êtes prolixe en la matière. À commencer par votre premier commentaire qui utilise un concept psychanalytique typiquement freudien – le « déni » – pour fustiger la psychanalyse.
Une autre contradiction dont vous êtes porteur est celle de prêcher pour une meilleure connaissance du cerveau humain et de la façon dont il traite l’information (ce qui est en soit fort louable, si vous m’aviez lu, vous sauriez également que c’est un de mes crédos) et d’ignorer comment fonctionne le sien.
Encore une autre teintée cette fois d’allusions très pernicieuses et celle par laquelle vous concluez votre dernier post : « Cette discussion sur des interprétations d’interprétations n’ayant aucun sens, sinon une masturbation de l’ego (narcissisme ?), doublé sans aucun doute (ne soyons pas scientifique) d’un caractère pervers, je vous laisse à vos certitudes, mais vous remercie pour cette exploration », tout en rajoutant entre parenthèses : « (et n’oubliez pas, sans peur, pas de rire ! ;) ».
M’étant déjà ‘épanché’ sur les lacunes de cette maxime : « sans peur, pas de rire ! », ce à quoi vous n’aviez pas su quoi répondre, il apparaît clairement que les certitudes dont vous parlez ne s’appliquent qu’aux vôtres de telle sorte que vous matérialisez parfaitement bien ce que j’énonçais dans mon article au sujet de la quatrième catégorie des opposants au concept de pervers narcissique, à savoir : « - fustiger une position (clinique, théorique, technique…) qui n’existe que dans l’esprit de ceux qui la dénoncent (ce que FREUD aurait dénommé une projection, soit l’externalisation défensive d’une motion interne réprimée : une modalité de lutter sans le savoir contre ses propres spectres, un retour du refoulé en quelque sorte) ».
Pour finir, ce que je vous reproche est bel et bien ce que vous dénoncez vous-même au sujet de la psychanalyse, à savoir : votre sectarisme que vous exprimez si bien par des phrases comme « à bas l’obscurantisme freudien… », tout en vous montrant incapable de poser un autre regard que celui que vous donne la grille de lecture par laquelle vous interprétez ‘votre’ monde.
Quels que soient les bons sentiments qui puissent vous animer, tous les modèles qui n’ont que pour seul centre d’intérêt leur propre vision de la réalité ont toujours conduit l’humanité vers un totalitarisme ou un autre.
TOUS, sans exception !
Et votre incapacité à vous ‘décentrez’ de votre propre modèle nous donne d’avance le résultat de votre entreprise. Cette incapacité porte un nom : l’absence d’empathie.
Je termine ce post par une autre remarque au sujet de votre phrase : « Mais vous saviez que la notion de “pervers narcissique” n’était pas de Freud. Bravo. » Elle est si puérile qu’elle mérite d’être commentée tant elle contraste avec votre entrée en matière dans cette discussion : « La notion de pervers narcissique est freudienne » (Marc CHINAL le 10/10 à 01:18) et toute la discussion – hors sujet – qui s’en est suivi sur la psychanalyse.
Si vous saviez vous-même que la notion de pervers narcissique n’était pas freudienne, pourquoi alors polluer ce fil avec FREUD et son freudisme ??? Encore une contradiction à mettre à votre crédit.
Prétendre que je savais que la notion de perversion narcissique n’était pas freudienne et me féliciter pour cela alors que j’ai écrit ici, sur ce site, pas moins de 10 articles de près de 4000 mots chacun sur le sujet, c’est vraiment se foutre de la gueule du monde et donner corps, une fois de plus, au bien-fondé de ce concept.
Pour conclure (j’allais oublier une autre ‘galéjade’ de votre part) : « Pourtant, encore une fois, seule une philosophie dit « ce qui est bon », « ce qui est mauvais ». Ce qui est « pervers », ce qui ne l’est pas. C’est un choix, un ensemble de choix, et non une science. »
La psychologie du bien et du mal, vous ignorez ??? C’est pourtant une discipline qui se développe largement à l’heure actuelle. Mais comme vous ignorez les questions que l’on vous pose et répondez par des digressions, il me paraît inutile d’espérer de vous une quelconque réponse cohérente.