Commentaire de Pierre
sur La Syrie, pays de tous les enjeux


Voir l'intégralité des commentaires de cet article

Pierre Pierre 28 octobre 2013 11:48

@ l’auteur,

Vous faites une bonne synthèse des évènements en Syrie et je suis presque totalement d’accord avec vous notamment quand vous évoquez le rôle de la Syrie dans le passage des gazoducs et la fracture religieuse au Moyen-Orient.

Je me contenterai de marquer mes points de désaccord.

« Alors que les premières manifestations étaient pacifistes et légitimes (manque de démocratie, hégémonie du clan Al-Assad et de la communauté Alaouite ...) »

Il y avait, dès les premières manifestations, deux groupes distincts d’opposants.

Il y avait des opposants pacifiques, réclamants plus de libertés civiles et qui étaient peu nombreux (quelques dizaines) lors de la première manifestation à la mi-mars 2011. Ils s‘étaient réunis à l’appel de réseaux sociaux. Ils ont été dispersés et certains arrêtés par la police. Leurs revendications ont été rencontrées par Bachar al Assad à la mi-avril. Il a levé l’état d’urgence, a aboli la Cour de sureté de l’État, a autorisé les manifestations pacifiques et a instauré un régime multipartis. Il faut aussi préciser que le clan alaouite est soutenu par la bourgeoisie sunnite qui tient l’économie du pays.

Il y a eu des manifestations dans les jours suivants dans des villes de province et notamment à Deraa dont les revendications n’étaient en rien démocratiques. Ces appels à manifester étaient lancés à partir des minarets  par des Imams salafistes envoyés d’Arabie saoudite.  Il s’agissait d’autres opposants qui réclamaient une Constitution islamique. Ces « manifestations » étaient violentes et il y eut de morts de part et d’autre.  (50 policiers tués dans les premières semaines et incendies de bâtiments officiels.)

On ne peut pas passer sous silence les manifestations pro Bachar al Assad qui ont réuni des millions de syriens dans les jours suivants. Ce n’est pas parce qu’elles ont été occultées par nos médias de masse qu’elles n’ont pas existé.  

« 20000 morts à Hama en 1982 » Un rappel : il ne s’agissait pas de réprimer une manifestation pacifique. Les Frères musulmans avaient égorgé 40 élèves-officiers à l’école militaire de Hama (ils en avaient tués des centaines d’autres précédemment dont 300 à Alep en 1979) et ils avaient tué plus de 300 habitants de Hama pour sympathie avec le régime avant l’intervention des forces armées syriennes. 20000 morts est un nombre qu’on répète à l’envi et qui est une estimation de l’opposition. Un rapport  de la Defense Intelligence Agency  (département de la Défense des États-Unis) déclassifié en 2012 estime le nombre total de rebelles tués à environ 2000.

« Enfin, il y a pour les occidentaux le risque d’une démocratie qui ne les arrange pas ». Il y a aussi pour les pays voisins le risque d’une démocratie laïque qui ne les arrange pas.


Voir ce commentaire dans son contexte