Commentaire de Henrique Diaz
sur Questions sur l'abolition de la prostitution


Voir l'intégralité des commentaires de cet article

Henrique Diaz Henrique Diaz 30 novembre 2013 01:46

Cher Hervé,
Oui, on peut parler de viol si une personne est forcée par un tiers à offrir une prestation sexuelle et qu’une personne accepte cette offre en toute connaissance de cause, de même qu’on pourra qualifier d’esclavagiste toute personne qui bénéficie d’un service tout en sachant que la personne qui rend ce service y est contrainte par un tiers utilisant sa faiblesse.

Mais vous semblez bien confondre avec les créateurs de la proposition de loi dont nous débattons, esclavage sexuel et prostitution. Montrer à l’assemblée des victimes de cet esclavage pour en appeler à la condamnation générale de la prostitution, cela reviendrait à la même chose que montrer des femmes séquestrées par des pervers maniaques pour faire une loi qui viserait à abolir le mariage, cet instrument d’exploitation de la femme par l’homme.

La prostitution est "le fait pour un individu de l’un ou l’autre sexe, de consentir à avoir des relations sexuelles avec des partenaires différents, dans un but lucratif et d’en faire son métier" : donc, sans consentement, il n’y a pas de prostitution et sans avantage lucratif pour la personne offrant un service sexuel, il n’y a pas prostitution mais seulement esclavage sexuel. Si une femme n’est pas traitée comme propriétaire des gains que lui permet de réaliser son activité mais si ces gains reviennent à proxénète, alors celui-ci se comporte en maître propriétaire de son esclave, ce qui n’est plus de la prostitution telle que j’en ai parlé pour dire qu’elle était légitime.

Si donc il y a une situation d’esclavage sur le territoire français, il existe déjà des lois qui permettent de combattre cela efficacement et même de pénaliser très sévèrement ceux qui exploitent en connaissance de cause cet esclavage. Créer des lois spéciales pour les prostituées ne fait qu’introduire de la confusion sur un terrain déjà assez difficile. Et à ma connaissance le projet de loi actuel ne fait aucune distinction entre esclavage sexuel et prostitution proprement dite.

Je ne cherche donc pas à défendre l’indéfendable, c’est-à-dire la traite des êtres humains, mais le droit pour toute personne qui le souhaite d’offrir des prestations sexuelles et d’en tirer un avantage pour son compte. En revanche, il est indéfendable moralement de prétendre vouloir qu’on respecte la dignité humaine de la personne prostituée pour au final, la traiter avec condescendance comme quelqu’un qui ne peut savoir ce qu’elle fait.


Voir ce commentaire dans son contexte