Commentaire de Philippe VERGNES
sur Empathie, conscience morale et psychopathie – le développement moral (partie 1/3)


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Philippe VERGNES 30 décembre 2013 00:16

Bonsoir Hervé,

Je pense avoir bien saisi tes explications bien que je n’ai pas encore eu l’occasion de lire les ouvrages de Krishnamurti (je ferais davantage référence au bouddhisme dans mon prochain article que j’ai presque terminé, mais sans perdre de vue le côté « matérialiste » de l’approche scientifique occidentale).

Le terme de conscience est difficile à manier car c’est un concept protéiforme.

Dans cet article et ses suites, je me place surtout selon un point de vue neuroscientifique qui envisage la conscience selon un ensemble de modules cérébraux situés dans le cortex (la partie du cerveau qui du point de vue de l’évolution est apparu en dernier) interagissant ensemble sans hiérarchie particulière et ce tout en étant relativement indépendant. L’image des liaisons neuronales que j’avais choisi pour illustrer mon article Tous traumatisés ? Comment sortir de l’emprise psychologique illustre bien cet ensemble de sous-système.

Toujours selon les neurosciences, la conscience se développe sur la base de ce qu’Antonio DAMASIO appelle une conscience noyau dont il situe l’emplacement dans des zones bien précises du cerveau et s’accroit en fonction des expériences de vie de chacun pour former ce qu’il appelle une conscience étendue dont le parallèle avec le développement moral de KOHLBERG est effectivement évident.

Mais ce que révèle surtout les travaux de DAMASIO et de ses confrères, et cela me semble particulièrement important (ce fait avait marqué le Dalaï-lama dans les rencontres organisées par le Mind and Life Institute entre scientifiques et bouddhistes), c’est que si un seul module ou sous-système cérébral est endommagé, alors c’est l’ensemble de la conscience de soi de l’individu qui est altérée.

Cette altération empêche que la personne qui en est atteinte puisse accéder à une connaissance de soi suffisante pour être consciente. C’est le cas notamment des psychopathies dont le module défectueux (si je puis m’exprimer ainsi) interdit à son possesseur d’avoir une conscience morale ET une juste conscience de soi.

Dans ce scénario et d’après les recherches menées sur des milliers de patients atteints de dommages cérébraux, les neurosciences disent qu’il ne peut y avoir de développement de la conscience au delà de ce que leur handicap leur permet d’atteindre. Ce que tu nommes « l’omniconscience » ou la conscience parfaite ne peut donc « surgir » car le contrôle des émotions et des sentiments ne peut se faire. La conscience est stoppé à un certain niveau de développement et ne progresse plus.

Voilà en gros pour la théorie. Sous réserve des connaissances actuelles, cela va de soi. Car l’idée de conscience chez les scientifiques est vraiment une question en perpétuel mouvement. Surtout par les temps qui coure ou tout change très vite.

Ton PS est lumineux. Je me souviens de tes explications à ce propos, mais c’est bien de les avoir sous un de mes articles, je pourrais les retrouver sans peine (ce qui serait beaucoup plus difficile dans d’autres circonstances). Par contre, pour ce qui est de ta définition de la conscience, je n’ai pas souvenir de l’avoir déjà lu. As-tu un lien vers un article ou tu en parles ?

Rassure-toi, les discussions sur la conscience et la morale ne me distraie pas, surtout que je suis en ce moment en plein dedans. C’est en fait le point d’orgue de tous mes articles sur le sujet principal que je traite ici puisque la perversion narcissique est avant tout une perversion morale.

Bien à toi.


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