Commentaire de Antoine Diederick
sur La Flandre et l'Europe ou la leçon de l'intolérance


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Antoine Diederick 14 février 2014 12:31

Nous sommes pris, du moins en Europe, par une espèce de fascination : pouvoir décider de la mort pour la « donner »... pouvoir qu’autrefois on attribuait à Dieu : peut-être faut-il voir là une relation de cause à effet, l’athéisme européen

prend corps dans la mort décidée et infligée par notre propre volonté et « liberté », alors même que nous savons soigner de telle manière que celui qui va mourir peut être entouré, se savoir aimé, ne pas souffrir. Je pense particulièrement aux excellents services de soins palliatifs. Mais avoir la main sur la fin ultime : quel progrès ! pensons-nous. Un petit délire paranoïaque nous taquine. Attention, il y en a eu d’autre(s) pour cultiver le goût de donner la mort, il y a environ 70 ans... J’ai travaillé longtemps comme infirmière. Un jour, un malade me dit : "J’en ai marre, je n’en peux plus. Je voudrais mourir... Qu’on me fasse une piqûre !« - Vous voudriez... » ’Oui, je veux mourir ! une piqûre !«  »Bon...". Je reviens dix minutes après. Dans mon plateau, une compresse, une seringue. Je l’ai remplie de sérum physiologique, que je peux injecter en intra-musculaire ou intra veineuse, cela n’aura aucun caractère de gravité. « Voilà, monsieur... » « C’est quoi ? » « Une piqûre. » "Mais je n’ai pas de piqûre à cette heure-ci !«  »Ben si, monsieur.«  »Mais non !«  »Si, la piqûre pour mourir, que vous m’avez demandée..." Il pousse des hurlements. Je le laisse paniquer quelques longues secondes. Puis : "Ah bon, je croyais que vous vouliez mourir... Vous avez changé d’avis ? Comme quoi, on tient à la vie. Tant pis, je vais jeter ma seringue. Mais... ce qu’il y a dedans n’était pas dangereux." Réfléchissons... Et lorsqu’un jour un médecin me demanda de faire une injection dont je devinais l’effet attendu... (un lit libéré pour le we et une place pour le lundi) : "faites-la vous-même, monsieur !" Et il ne la fit pas. Ne craignons pas de réfléchir, d’aimer, de servir autrui jusqu’au bout quitte à ce que cela nous fatigue un tout petit peu... à ce que cela diffère le temps de l’héritage, ou de la remise en ménage, ne craignons pas de faire passer autrui avant nous : l’aimer comme nous-même, a dit quelqu’un... Vincent L., j’espère qu’en rien le débat ne vient jusqu’à ta conscience. Sur ta peau de pauci-relationnel, j’aimerais faire une caresse



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