Commentaire de Claudec
sur Le cycle du capitalisme
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@ l’auteur
En réalité, tous les progrès actuels de l’histoire et de la préhistoire confirment que la nature naturelle est une dure marâtre pour l’humanité. Le lait « naturel » des vaches « naturelles » donne la tuberculose, et la vie « saine » d’autrefois faisait mourir un enfant sur trois avant son premier anniversaire. Et des deux qui restaient, dans les classes pauvres, un seul dépassait, en France encore et vers 1800, l’âge de 25 ans. (...)
Toutes les choses que nous consommons sont en effet des créations du travail humain, et même celles que nous jugeons en général les plus « naturelles », comme le blé, les pommes de terre ou les fruits. Le blé a été créé par une lente sélection de certaines graminées ; il est si peu « naturel » que si nous le livrons à la concurrence des vraies plantes naturelles il est immédiatement battu et chassé. Si l’humanité disparaissait de la surface du sol [Ce qui ne saurait tarder au train où vont les choses dans bien des domaines], le blé disparaîtrait moins d’un quart de siècle après elle ; et il en serait de même de toutes nos plantes « cultivées », de nos arbres fruitiers et de nos bêtes de boucherie ; toutes ces créations de l’homme ne subsistent que parce que nous les défendons contre la nature ; elles valent pour l’homme ; mais elles ne valent que par l’homme.
À plus forte raison les objets manufacturés, des textiles au papier et des montres aux postes de radio, sont des produits artificiels, créés par le seul travail de l’homme. Qu’en conclure sinon que l’homme est un être vivant étrange, dont les besoins sont en total désaccord avec la planète où il vit ? Pour le bien comprendre, il faut d’abord comparer l’homme aux animaux, et même aux plus évolués dans la hiérarchie biologique : un mammifère, cheval, chien ou chat, peut se satisfaire des seuls produits naturels : un chat qui a faim ne met rien au-dessus d’une souris, un chien, rien au-dessus d’un lièvre, un cheval, rien au-dessus de l’herbe. Et dès qu’ils sont rassasiés de nourriture, aucun d’eux ne cherchera à se procurer un vêtement, une montre, une pipe ou un poste de radio,. L’homme seul à des besoins non naturels.
Et ces besoins sont immenses [et vont croissant, inéluctablement] ...
... la planète sur laquelle nous sommes, sans trop savoir pourquoi ni même s’il y en a d’autres moins inhumaines, est assez peu adaptée à nos aspirations, à nos facultés d’agir, à nos besoins. Elle satisfait libéralement et sans travail à un seul de nos besoins essentiels : la respiration. L’oxygène est le seul produit naturel qui satisfasse entièrement et parfaitement l’un des besoins de l’homme [Pour combien de temps encore ?]. Pour que l’humanité puisse subsister sans travail, il faudrait donc que la nature donne à l’homme tout ce dont il éprouve le besoin comme elle lui donne l’oxygène. L’eau, il faut déjà la puiser, la pomper et souvent la filtrer.
Cela étant... nous travaillons pour transformer la nature naturelle qui satisfait mal ou pas du tout les besoins humains, en éléments artificiels qui satisfassent ces besoins : nous travaillons pour transformer l’herbe folle en blé, les merises en cerises et les cailloux en acier puis en automobiles. » J. Fourastié - Pourquoi nous travaillons - P.U.F. - 1959
Ceci étant, vous devez tenir compte d’un principe fondamental : Dans tout échange – du plus banal au plus important –, l’un des protagonistes entend donner le moins possible de ce qu’il a à offrir pour obtenir ce qu’il convoite, quand l’autre veut en tirer le maximum.