Commentaire de wesson
sur Comprendre la dialectique de Poutine


Voir l'intégralité des commentaires de cet article

wesson wesson 5 octobre 2014 15:02

Bonjour Pierre, 

Sur l’article je l’ai trouvé brillant. 

Sur le fond je ne suis pas tout à fait d’accord avec vous sur Ieltsine, son coup d’état de 1993, sa 1ère guerre de Tchétchénie en 1994 (avec la bénédiction des Américains) , sa réélection plus que discutable en 1996. Sa présidence n’as pas été celle d’un patriote, et son alcoolisme n’excuse pas tout. Car son bilan objectif est le suivant (de 91 à 98) : le PIB a chuté de 50%, les investissement de 90%, la production industrielle à 47% de son niveau de 1990, l’agricole à 58.1%. Quand à l’espérance de vie, elle est passé de 64.8 ans à 57.3 ans (source de ces chiffres : le monde diplomatique de ce mois ci).

Certes, son bilan positif consiste à avoir annoncé, lors des vœux de fin d’année « bonne année à vous. Au fait je démissionne et votre nouveau président ce sera Vladimir Poutine », mais ça ne doit pas faire oublier le reste.

Sinon sur l’évolution de la crise, les états-unis ont semble-il réenclenché à l’identique leur stratégie de la guerre froide : faire baisser les prix du pétrole, pour tenter d’asphyxier l’économie Russe, se basant sur l’analyse que les mêmes causes produisent les mêmes effets.

Bref, l’Arabie Saoudite produit comme un goret à des niveaux jusque là jamais atteint, et le prix du pétrole est effectivement orienté à la baisse. Mais je crois à l’échec au final de cette stratégie pour plusieurs raisons : 

*Si la baisse du prix du pétrole a bien contribué à assécher les finances soviétiques, ce n’est pas fondamentalement la cause de sa chute, mais plutôt le changement devenu nécessaire d’un système qui était de toute manière arrivé au bout.

* Les US avaient réussi à imposer aux Russes une guerre extérieure coûteuse (Afghanistan). Avec l’Ukraine, les Russes n’ont pas mordu à l’hameçon, et le coût du maintient du pays va principalement incomber aux Européens.

* Le gaz est une donnée nouvelle - surtout la dépendance de l’Europe à celui-ci, qui ne peut être rapidement remplacé. Et comme il s’agit d’une ressource peu stockable, une pénurie peut arriver très vite et avoir des conséquences immédiatement dévastatrices.

Et last but not least : Le bloc anti-Russe est en fait composé des pays Anglo-Saxons et de l’Europe qui d’ailleurs est assez divisée sur la question. L’isolement Russe que l’on nous ressasse à longueur de journée dans les médias n’est en réalité qu’un mythe, et la Russie peut aujourd’hui se targuer de soutient de la part de pays qui n’ont pas forcément d’amitiés avec elle, mais des intérêts parfaitement compris face à un BAO de plus en plus hégémonique.

Voir ce commentaire dans son contexte