Commentaire de Luc-Laurent Salvador
sur Génocide rwandais et schéma auto-victimaire


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Luc-Laurent Salvador Luc-Laurent Salvador 27 janvier 2015 16:11

"Vous dites : ’’nous sommes constitutivement dépendant du miroir social’’

Dit ainsi c’est une évidence, mais la question est ; comment sommes nous constitués en regard de ce miroir ? Pensez aux mécanismes de projection et d’identification.« 

 

Oui, bien sûr, nous sommes d’accord, mais pour ma part, je parle tout simplement de l’imitation des attributions des autres (significatifs) à l’égard du soi. C’est un des chapitres de ma thèse (girardienne smiley)

 

tout à fait d’accord aussi sur perversion et paranoïa. C’est insensé de vouloir les réduire au schéma auto-victimaire. Ils se recoupent à un moment donné dans le mode opératoire mais le fonctionnement ne fait pas la structure, en tout cas, pas instantanément.

 

Pour le suicide, je l’ai évoqué dans le corps du texte mais c’était trop bref. Je pense qu’à la réflexion il serait intéressant d’ajouter le distinguo entre d’une part ceux qui ont coupé les ponts avec les autres et se suicident alors »en solitaire« (ils se tiennent donc hors du schéma auto-victimaire) et, d’autre part, ceux qui se suicident pour lancer un appel à leur entourage. Ceux-ci pourraient, probablement en toute inconscience, tenter de mettre en oeuvre le schéma auto-victimaire.

 

En écrivant cela, toutefois, quelque chose me dérange car j’aimerais pouvoir réserver le schéma auto-victimaire à une auto(hétéro) agression. Cad quand un autre est l’instrument de la violence qu’on se fait à soi-même afin d’accéder au statut de victime.

 

Mais nous retrouvons ici la délicate problématique de la limite entre soi et l’autre. Celle-ci est tout sauf claire et consensuelle, tant du point de vue du sacrificateur que de la victime.

 

Je devais y revenir suite à une question de Hervé Hum mais j’ai reculé devant l’ampleur de la tâche car je pense que, justement, on ne peut pas entretenir de limite claire.

 

Chacun est »légion" et porte en lui une altérité qui peut lui faire violence à un moment ou un autre. Dès lors, pourquoi distinguer entre le suicidé autonome et le suicidé hétéronome qui s’est fait assister ?

 

Je touche là les limites de ma réflexion présente, il me faudra y revenir, ne serait-ce que pour étayer l’idée que le cananéen qui sacrifie son fils premier né est bien lui aussi dans le schéma auto-victimaire.


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