Commentaire de jean-marc
sur En matière de logements où en sommes-nous ?


Voir l'intégralité des commentaires de cet article

jean-marc D jean-marc 31 janvier 2015 19:00

Bonjour Spartacus,


Je vais tenter de vous éclairer le plus simplement possible, car c’est trop long d’entrer dans le détail en moins de 500 pages d’explications.

Ces sociétés d’HLM dont on parle sont adossées pour la plupart aux collecteurs du 1% logement (les CIL, pour faire bref). 
De ce fait, en réalité, elles sont sous la coupe du Ministère du Logement, et sous tutelle des DDTM et DDT (ex-DDE-Directions Départementales de l’Equipement).
La gestion des collecteurs du 1% est quant à elle paritaire, et ceux-ci sont également sous contrôle du Ministère du Logement.
Un contrôle de la MIILOS (Mission Interministérielle d’Inspection du LOgement Social, à laquelle a succédé l’ANCOLS en 2014) est effectué depuis bien longtemps sur ces collecteurs et sociétés d’HLM, tous les 5 ans.
Dans ces conditions, comment voulez-vous que les sociétés d’HLM utilisent des pratiques hors du contrôle étatique, donc autorisées par l’Etat lui-même la plupart du temps ? 
Par ailleurs, hormis les frais de fonctionnement (dans le sens global du terme), les collecteurs ne peuvent faire, comme vous dites, de « bénéfices », ils ne bénéficient que du statut d’association gérée au titre de la loi de 1901, ce qui leur interdit ces « bénéfices ». les fonds sont redistribués au profit du logement social, tout simplement, donc par des financements de société d’HLM, de prêts directs aux salariés ou au cautionnement des loyers en faveur des locataires.
Quant aux sociétés d’HLM, leurs « bénéfices » comme vous dites, constitués par la seule rentrée des loyers diminuée des intérêts des emprunts engagés, ils sont les seuls fonds propres à part les emprunts qui leur permettent d’encore de construire puisque peu à peu toutes les subventions octroyées il fut des temps par les différents gouvernement s’étiolent jusqu’à peu de chagrin.
Le 1% est par ailleurs pompé sans contrepartie par le gouvernement, qui prend pour prétexte certains scandales retentissant comme par exemple « le Refuge » ou l’affaire des hauts de Seine, entr’autres : il s’agit donc d’un hold-up qui aggrave encore davantage la crise du logement, déjà patente dans le secteur privé pour d’autres raisons puisque les fonds hold-upés sont contrôlés par le même acteur, donc, en sous-entendu,.peuvent être utilisés pour d’autres desseins.
Le 1% logement a été créé à l’origine en 1943 par le patronat textile du Nord (Roubaix, pour être précis) ; il était destiné sur la base du volontariat pour mutualiser des fonds afin notamment de construire des « cités ouvrières » (les HBM - Habitations à Bon Marché - calquées sur les cités minières) afin de rapprocher les salariés de leurs lieux de travail, et d’augmenter les capacités de production de plus en plus gigantesques. L’Etat soutenait fortement cette action, en raison du tissu économique et des conditions d’insalubrité de la majorité des logements en France à l’époque et s’est imbriqué politiquement dans le système de paritarisme de ces organismes.
Pesant alors de plus en plus lourd dans le contexte économique, cet outil au départ au service du salarié a suscité de plus en plus les convoitises de la part des gouvernements successifs, qui ont peu à peu pris toutes les manettes du système avec ce qui est actuellement le Medef, en le dévoyant totalement, et s’attellent aujourd’hui à rafler totalement la mise : d’où en grande partie aujourd’hui la crise du logement qui va probablement s’aggraver, causer la chute du secteur du bâtiment dans ce domaine, engendrant par contre-coup encore davantage de chômage, voire de cessations d’activités pour certaines entreprises et plomber encore davantage notre économie.
Voilà ce que sont sur le fond vos « viles sociétés capitalistes » qui s’abreuvent de subventions et exploitent la misère, comme vous dites. Les sociétés ne peuvent justement plus s’abreuver de subventions, il n’y a pas d’exploitation de la misère, mais exploitation d’un filon soit par le Medef soit par l’Etat, pour chacun des intérêts différents . Et eux, désormais, la crise du logement ils s’en foutent.
Ce que je tente de vous expliquer, c’est que certes de nombreux scandales ont éclaboussé le 1% logement, vous avez raison, mais il y en aura encore et toujours. La politique s’infiltrera, malheureusement, en plus des intérêts personnels de certains (regardez en profondeur le cas de Bouygues et consorts par exemple), de plus en plus dans le domaine du logement et bien évidemment ailleurs, là où il y a aussi scandales à répétition..et en fonction des acoquinements politiques, chacun de ces acteurs continuera de se gaver.
Il faut bien comprendre que les rouages du système sont bien plus compliqués que vous ne le pensez, qu’un système qui a quand même fait ses preuves n’est pas plus ou moins pourri qu’un autre.
En revanche, tenter pour le gouvernement de prendre le contrôle d’une grande partie du bâtiment afin de maîtriser quelques clés maîtresses supplémentaires du Medef , en créant une autre guerre intestine, n’aidera certes pas à résoudre le problème du mal logement. 
Et, in fine, que demande le Français mal-logé ? d’être logé correctement, c’est simple. S’interessera t-il de savoir si Pierre, Paul ou Jacques s’est gavé au passage ? Je ne le pense sincèrement pas.
C’est la triste réalité. 

Bien à vous,
.
PS : par ailleurs, et puisque vous en parlez, êtes vous certain que les sociétés d’autoroutes ne font que 6% de bénéfices maximum ? J’ai des doutes.....


Voir ce commentaire dans son contexte