@lsga
Etonnant que vous alliez chercher un article canadien, à l’histoire et à l’horizon particulier, pour prouvez quoi ? Qu’il n’y a pas de crise, que tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes possibles !....Le pari de l’éducation d’alors, ce n’est pas de faire des agrégés, c’est de donner les principes de la compréhension et les codes, afin de faire son chemin, tout en n’excluant pas un discours moral, dans un décor où l’école est encore investi d’un rôle majeur d’émancipation, comme elle l’est par exemple au Vietnam, ou en indes, où des classes de 60 élèves sont la règle, et où les élèves ne bordélisent pas c’est vrai, pénétrés qu’ils sont que l’école est pour eux est une chance. Tout est là....C’est cette certitude individuelle qu’il faut restaurer...
A la campagne, même après guerre, les instits doivent se battre avec les paysans pour que les gamins soient scolarisés. Les temps de vacances sont superposés sur ceux des travaux des champs. On comprendra parfois qu’un gamin « pioche » quelque peu pour lire. Sans en faire le diagnostic d’ailleurs faux de dyslexie...En France, le nombre d’enfants diagnostiqués à tort dyslexiques (alors que la plupart du temps il s’agit de dysorthographie) est attaché à cette foutue pratique d’apprentissage de la lecture globale, toujours pratiquée par certains, au mépris de ce qu’on connait en sciences cognitive, et des schémas neuronaux non aboutis chez un enfant de 5 ou 6 ans, car les instits ( pardon les professeurs d’éducation) sont maîtres de la méthode qu’ils utilisent, une aberration qui fait encore des ravages...
Mais si l’on fait le total des jours scolarisés sur 5 ou 6 ans, chez nos parents et surtout grands parents, on reste stupéfait du travail des enseignants d’alors. Mon père gardant les vaches, apprendra ainsi assez suffisamment une seconde langue : Le français, pour pouvoir l’écrire, échanger, et devenir plus tard cordonnier-marchand de chaussures après s’être caché chez un artisan, car réfractaire au travail en Allemagne pendant la guerre.
A 20 ans, c’est qu’on a déjà bien vécu, on n’est plus depuis longtemps un gamin gardé sous chape, adulescent pour au moins cinq ans encore, privé de toute initiative...Trajet atypique mais qui était loin d’être isolé à l’époque. Moi même je me suis contenté d’un Bepc, obtenu en 70, examen dont vous vous moquerez aussi peut être, (mais il était lui aussi le sésame de l’époque) avant d’apprendre le métier d’électricien industriel, de faire 36 boulots dans tous les domaines, de plume, de charrue et de main, et de faire plus tard une formation d’infirmier dans laquelle j’étais le seul non bachelier sur 50 élèves. Pour votre gouverne, lisez donc l’excellent livre de Mona Ozouf, « composition française », qui parle à la fois du militantisme, des langues minoritaires, et de la culture, en dedans, et aussi en dehors des murs de l’école.
L’école et ses enseignants, c’est un peu le jeu de la roulette. j’ai gardé un souvenir ébloui de quelques uns. D’autres vraiment pas, si ce n’est sous forme de traumatisme. Les punitions corporelles et le sadisme autorisé étant la tare de ces années là. Tout cela est terminé, du moins pour cette forme de maltraitance. Plus que de décrocher un master, je placerais la conditions essentielles pour enseigner ailleurs, surtout aux tous petits, où je ne vois pas trop la pertinence d’être un as en équations ou en sociologie, mais plutôt d’aimer son métier, la pédagogie avant tout, et d’être très patient avec chaque enfant, pas pressé d’obtenir les fruits. Mais pour la culture comme pour l’agriculture, on privilégie trop souvent les résultats à courte vue, et les spécialistes n’ont de cesse que de vous convaincre que vous n’y connaissez rien, que c’est leur affaire. Méfiez vous des pommes trop rouges, même si elles ont des étiquettes de garantie dessus.