Commentaire de Mmarvinbear
sur Brexit : l'effarant après référendum


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Mmarvinbear Mmarvinbear 4 juillet 2016 19:02

« La démocratie est le pire des systèmes, à l’exclusion de tous les autres. »


Cette boutade de Churchill illustre plus les manquements du système et les façons de le détourner à son profit, ce qui a été illustré par le référendum britannique.

La campagne a été d’une indigence rare, et les arguments des uns et des autres ne reposaient pas sur la réflexion mais sur l’affect. Les deux camps ont joué à faire peur, ce qui a poussé les électeurs à choisir avec leurs sentiments plutôt que leur intelligence.


Le ver était dans le fruit dès le départ. Ce référendum n’était pas raisonnable, car il venait non pas de la volonté de « donner la parole au peuple » ( comme s’il ne le faisait pas au moment des élections...), mais pour réaliser une opération politicienne de torpillage du parti UKIP qui menaçait les fiefs électoraux des Tories.

Le plan de Cameron était de pousser les électeurs tentés par le vote UKIP à revoter pour les Conservateurs. Mais malgré tout, UKIP a continué à progresser.

Cameron s’est retrouvé donc piégé par son demi-échec et par l’encouragement donné aux anti-européens de son parti. Pour garder sa place à Downing street, il n’avait plus d’autre choix que d’organiser le référendum.

La campagne s’ est donc faite sur un air délétère, ou tous les coups, surtout les plus bas étaient permis, à coups d’arguments mensongers.

« On récupèrera le contrôle de nos frontières ! » Alors que le RU les a déjà, n’ étant pas signataire des accords de Schengen.

« On investira notre cotisation actuelle dans le système de santé ! » Promesse publiquement rejetée par Farage et ses sbires au LENDEMAIN du résultat...

Autre handicap : le refus du Labour de participer à la campagne du « oui » après la déculottée reçue aux dernières législatives ou Cameron avait été en partie leur bourreau.

Dès lors, le « out » était inévitable.

Et maintenant ?

Eh bien le compte à rebours est lancé. Dans 2 ans à peu près, les britanniques seront libres.

Ils ne seront plus tenus d’appliquer les lois et les règles européennes qui leur font tant horreur. mais en contrepartie, ils n’auront plus accès aux emplois en Europe. Ils n’auront plus d’élus à Bruxelles et ils ne pourront plus s’opposer aux nouvelles lois qu’ils devront de toute façon respecter s’ils veulent que leurs produits et leurs services soient disponibles sur le continent.

Ce qui est ma foi logique. Quand tu résilies ton abonnement Internet, tu ne peux plus surfer...


Les banques de la City n’auront plus le droit d’exercer sur le continent, faute du passeport financier européen indispensable. Sans doute certains se reconvertiront dans la cotation de la laine de moutons de l’Oxfordshire. Mais pour contrer la puissance du DAX, ce sera un peu juste.

Le grand problème des anglais est qu’ils ont voté en pensant pourvoir s’appuyer, faute d’Europe, sur leur Empire.

Sauf que leur Empire n’existe plus. SI ce n’est Gibraltar et les quelques îles de l’ atlantique sud. Napoléon en aurait souri d’ironie.

Ce que les anglais pouvaient négocier avec l’ UE derrière, elle ne pourra plus le faire seule. Qui peut sincèrement penser qu’un pays de 55 millions d’ habitants peut peser autant qu’un groupe de 500 millions dans des négociations commerciales ou politiques ?

Mais le plus probable désormais, c’est la fin pure et simple du RU. Si l’Angleterre et le Pays de Galles ont voté « out », l’ Ecosse et l’ Irlande du Nord ont voté « in ». De même que Gibraltar.

Il est donc fort probable que dans les mois qui viennent, l’ Ecosse proclame son indépendance et lance immédiatement le processus d’ adhésion à l’UE. Il y aurait le véto espagnol à contrer ( Madrid n’a pas envie de voir la Catalogne jouer au même jeu ! ) mais on peut imaginer que l’ Irlande et l’ Ecosse unissent leurs territoires au sein d’une Fédération Gaelique, jointe par l’ Irlande du Nord, ce qui ferait de ces deux Etats les membres de plein droit de l’ UE. Et Madrid n’aurait rien à dire.

Gibraltar avait voté pour affiner sa volonté de continuer à être territoire britannique. Le « out » pourrait remettre ce choix en question. Madrid propose déjà une souveraineté partagée sur le Rocher afin qu’elle reste dans l’ UE, ce que souhaite Gibraltar.


Est-ce donc mieux d’être le meilleur dans son village que le second à Rome ?

Pour l’instant, les augures ne sont pas du coté des anglais, parole d’islandais ! :) 

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