Commentaire de Christian Labrune
sur « On est chez nous ! » ou le piège identitaire


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Christian Labrune Christian Labrune 27 septembre 2016 18:58

Un article de pure sophistique. Il est bien inutile de s’autoriser de Ricoeur, Habermas, Bateson et quelques autres, pour accoucher de propositions tout à fait erronées quand on y regarde d’un peu près.

La question identitaire, en France, jusqu’à ces dernières années, n’avait jamais beaucoup travaillé personne. Lorsqu’il avait été question des « racines chrétiennes », dans je ne sais plus quel texte qui devait s’attacher à définir l’Europe, j’avais trouvé moi-même - et très bêtement je dois l’avouer-, que la question était des plus incongrues. Si le débat sur l’identité française initié par Sarkozy avait avorté, c’est bien parce que la question n’était pas encore de celles qui préoccupaient réellement les Français.

Tout cela sera revenu sur le devant de la scène avec les attentats terroristes de ces deux dernières années. Quelque chose, dans ces attentats, et dans la manière dont ils étaient revendiqués marquait très clairement que ce qui faisait la France et ses valeurs se trouvait refusé et nié de la manière la plus féroce. Cela disait : ce que vous êtes, nous ne l’acceptons pas, cela déplaît à Allah, il va falloir que vous changiez du tout au tout si vous voulez continuer à vivre. C’est un peu comme si un voisin entrant chez vous pour la première fois commençait immédiatement à déplacer les meubles du salon parce que leur position ne lui convient pas et sortait un couteau au premier signe de désapprobation de votre part.

Jusque là, dans notre être-pour-nous-mêmes, comme aurait dit Sartre, nous étions ce que nous étions, au jour le jour, et cela ne nous préoccupait guère. A partir des attentats, nous prenons conscience de notre être-pour-autrui qui nous surprend grandement. En l’espace de quelques mois, nous voilà devenus de parfaits salauds, d’anciens colonialistes, des responsables de toute la misère du monde, des faces de craie et des kouffar qui, conformément à la leçon du Coran, méritent la mort s’ils ne se repentent pas. Est-ce que nous nous reconnaissons dans cette image qui nous est renvoyée, et de la manière la plus violente (250 morts en un an) par des obscurantistes abjects entrés par effraction dans une civilisation que nous avons mis des siècles à construire et qu’ils prétendraient détruire pour organiser partout cette forme de chaos dont ils sont devenus les éminents spécialistes ?

Si nous ne savions pas trop ce que nous étions, parce que nous sommes dans un monde qui, malgré les idéologies du post-modernisme, continue à changer pour évoluer, et plutôt dans le bon sens malgré les crises, nous savons désormais clairement et distinctement que nous n’avons rien de commun avec islam de Raqqa ou de Mossoul, avec les crétins du wahhabisme ou des Frères musulmans qui sont désormais dans nos murs.

L’auteur me fait penser à ces Troyens qui acceptent de laisser entrer dans leur ville le cheval des Achéens après la mort de Lacoon et de ses fils qui, pourtant, les avaient mis en garde. Encore le cheval de Troie pouvait-il passer, aux yeux des plus naïfs, pour une offrande propitiatoire des Grecs à leurs dieux avant le départ de leur flotte. Les 250 Français massacrés par des musulmans en une année, pour qui sait regarder la réalité sans lunettes roses, c’est quand même, me semble-t-il, un signe un peu plus facile à interpréter.

Le problème de beaucoup d’autruches en France aujourd’hui paraît être : comment puis-je faire pour ne pas voir ce que je vois ?



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