Commentaire de sasapame
sur Pour que la démographie soit abordée à la COP 22


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sasapame sasapame 27 septembre 2016 20:12

@Jean-Pierre Llabrés,

Cependant, nous pouvons partager le souhait que se constitue un véritable État fédéral européen.

Décidément, pas non plus... Enfin, plus. Je considère cette aventure, au bilan, comme une erreur de jeunesse. En pratique, cependant qu’une telle utopie n’a aucune chance de se réaliser, même en plusieurs décennies (nous n’en aurions d’ailleurs plus du tout le temps), un tel travail avait toutes les chances d’être récupéré par des gens qui serviront le statu quo (et le quiproquo) confédéral, cette catastrophe ambulante.

L’un de mes apports à ce travail a été de mettre ceci au clair : une Europe fédérale supposerait que les gouvernements (et les parlements) nationaux rentrent purement et simplement chez eux ; hors le cas de la simple coopération internationale, c’est la seule forme constitutionnellement tenable (possiblement « démocratique »), autrement dit c’est tout ou rien. Ceux qui vous baratinent sur de possibles formes nouvelles nous égarent (et n’y travaillent jamais sérieusement). Autrement dit encore, effectivement, je préfèrerais assurément un véritable État fédéral européen que cette horreur que nous avons là. Mais quand bien même cela serait faisable, je n’y tiens pas non plus. Bref.

Quelques remarques relatives au Manifeste du Parti Capitaliste Français

Tout d’abord, le socialisme, du moins à l’origine et tel que je le conçois (un peu) et le défends (un peu comme le fait un Michéa, par exemple), est loin de se réduire à un système qui vise à parvenir à répartir équitablement ces richesses que le capitalisme produit mais ne parvient pas à répartir équitablement. Il est d’abord et surtout, sinon le refus général du salariat, l’exigence d’un travail qui respect le besoin fondamental d’enracinement de l’homme, et permet des relations sociales largement fondées sur la dynamique du donner-recevoir. Ce qui n’exclut évidemment pas la possibilité de marchés.

Or vous remarquerez que cela est tout à fait compatible avec votre slogan : « Se libérer de l’obligation de travailler et, pour y parvenir, consentir à produire tous les efforts nécessaires ! », que vous qualifiez de Paradoxe Fondateur du Progrès, pour cet être humain [qui] demeure avant tout créatif, inventif, dynamique et continuera d’innover. Mais, librement cette fois !... Je vous ferais également remarquer que la voie du socialisme des origines n’allait guère dans le sens du Progrès libéral - et qu’il reste d’ailleurs à démontrer que celui-ci corresponde (encore) à la voie consensuelle au présent. Le salariat est toujours une forme d’esclavage, mais il devient vraiment inhumain que dans la mesure où l’intéressé est dévoré par la machine, l’usine, l’asservissement au logiciel, etc.

Je ferais aussi remarquer que l’idéal socialiste en question s’accommode donc mal, a priori, avec la formation de gros capital, industriel et autres, autrement dit de grosses entreprises, qui déshumanisent, mais qui impliquent aussi la division plus stricte du travail, donc le travail aliénant. Enfin, un peu plus accessoirement (?), avec une grosse machine d’entreprise, on conçoit plus difficilement que les travailleurs aient un contrôle sur la bestiole ; en tout cas, division et planification des taches obligent, on se voit mal aller dans le sens de la liberté du travail.

La lutte de classes n’est pas tant une lutte pour le pognon et le confort ; la lutte de classe, c’est aussi la « courte vue du technicien » qui, plutôt libre dans son travail, ne peut se mettre à la place de celui qui est essentiellement asservi par un travail qu’il ne contrôle ni ne définit lui-même. Voilà aussi et surtout l’enjeu de
« l’appropriation des moyens de production par le Prolétariat » - je ne suis pas communiste, et ma vision du socialisme n’est certainement pas celle d’un capitalisme d’État - ça, se serait d’ailleurs plutôt votre programme...

Ainsi, si l’on tient compte des besoins humains, qui ne se réduisent pas, loin de là, à la répartition de richesses, le problème est loin de se résoudre par la redistribution équitable des dividendes. Je n’ai évidemment rien, a priori, contre l’idée d’une large redistribution des richesses et une grosse diminution des écarts de revenus, mais le problème que je soulève ici est que le dividende universel en question me paraît difficilement compatible avec la liberté du travail.

La centralisation des moyens de production pose bien plus que le problème (sans doute contournable, oui, du moins dans une vision statique) des revenus. En parlant simplement d’ « acquisition » des moyens de production par le Prolétariat, vous gardez le prolétariat et vous oubliez ou ne comprenez pas que le plus important est la propriété d’usage. Besoin fondamental sans le respect duquel il n’y a pas de système économique intrinsèquement Écologique, Anthropocentrique, Philanthropique et Équitable.

En pratique, pour ma part, voici en quelques mots la solution générale que je propose (outre une organisation démocratique des pouvoirs politiques au sens restreint). Toutes les formes d’entreprises sont tolérées, de la coopérative à la grande entreprise avec forte concentration de capital, mais toute forme d’impôt et de taxe sur les entreprise est doublement pondéré, d’une part, par un facteur proportionnel à l’écart type des salaires dans l’entreprise, d’autre part, par un facteur qui traduit l’inégalité de répartition des bénéfices entre dividendes et salaires (pour un donneur d’ordre ayant des fournisseurs à l’étranger, obligation légale de produire les grilles concernées pour toute la chaîne de sous-traitants étrangers). Je vois là un système vertueux et robuste ; je n’ai pas le temps de rentrer dans les explications / illustrations. Du reste, interdiction des « marchés » financiers (qui ne sont pas des marchés, abondance illimitée de l’offre oblige) : pas d’obligations (sauf publiques, mais non cessibles, matérialisées sur les comptes bancaires) ; prêt aux entreprises seulement par le crédit bancaire (socialisé) ; détention d’actions uniquement permise aux salariés de l’entreprise (à céder quand ils la quittent).

Mais très bien, restons-en là avec nos différences d’appréciations (sur le CO2 aussi, je suppose).


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