Commentaire de sasapame
sur Venezuela : qui a éteint la lumière ? L'affaire Derwick


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sasapame sasapame 28 septembre 2016 09:40

 @guantanamera,

tout d’abord, pourriez-vous nous indiquer la référence exacte de l’article de la loi vénézuélienne qui interdit cela et qui prévoit une peine de prison ferme en pareil cas ? J’ai l’habitude de vérifier autant que possible les informations à la source. A ma connaissance, le Venezuela est un État constitutionnel (je connais d’ailleurs bien sa Constitution). Précision : si vous parliez de pratiques qui se font en marge de la loi, alors il faudrait : 1) modifier les termes de ce que vous écrivez et être plus exact ; 2) si possible, indiquer des cas précis.

Qu’il y ait quelques cas relevant de la petite corruption ordinaire est une chose différente. Par exemple, j’ai personnellement pu constater que le seul flic qui m’a arrêté, là-bas (c’était dans un taxi, sur une route de campagne), était corrompu : il a prétexté que mon passeport n’était pas en règle pour essayer de récupérer un petit billet. Le taxi lui a dit de nous foutre la paix : manque de bol, ce dernier était payé via une agence touristique bien implantée à Merida, agence qui nous a organisé notre rando en montagne, et ça a suffit. Mais n’importe qui de bonne foi sait ou devrait savoir que la corruption endémique dans l’administration ne date pas de Chavez et n’a rien à voir, au demeurant, ni avec une couleur politique ni avec une crise conjoncturelle.

Aussi est-il très important de bien préciser à quel niveau et dans quel cadre, légal ou illégale, telle pratique exacte s’opère. En France aussi, on pourra toujours trouver des dérives en tous genre ; ce n’est pas systématiquement une raison d’incriminer le gouvernement, à fortiori le caractère non constitutionnel du régime - nous avons, nous aussi, un certain nombre de loi anticonstitutionnelles. J’ajoute que de ne pas le faire témoigne d’une légèreté suspecte. Mais je vous donne justement l’occasion de vous rattraper.

Ensuite, comme je vous l’écrivais plus bas dans ce fil, j’aurais espéré (et j’espère encore, bien sûr) qu’une personne vivant au pays nous apporte des témoignages nouveaux, et surtout de première main : s’il n’y a qu’à se baisser pour parler de problèmes, et si vous en êtes témoin ou victime vous-même, pourquoi ne pas prendre le temps de nous raconter ça ?

Malheureusement, je ne parle qu’une centaine de mots d’espagnol, autant dire pas du tout. Alors j’utilise mon traducteur de temps à autres, mais je ne peux pas le faire de partout. Mais en regardant votre lien, je constate déjà pas mal de choses.

La première photo en lien twitter (chez Carlos Vegas), à part que ça mélange du hors sujet / hors contexte, et au moins une photo truquée, montre un panneau d’un magasin qui interdit de photographier sur place. Quelle loi ? Quelle prison ? Quel soucis de l’exactitude, amigos ! Bien sûr, El Diario de Caracas a tout l’air d’un canard pas du tout militant anti-« chavisme », mais passons. La photo d’entête ? Fichtre, les rayons de bidoche ont été dévalisés, c’est le lendemain du réveillon ! Un carton est déjà là, à côté d’un chariot. Purée, pas même le droit de prendre deux jours de congés après s’être fait péter la panse. Mais pour les journalistes, si, manifestement : on se contente d’anonymes postant sur twitter, seulement trois types dont un cinq fois. Pas le temps d’aller voir, tant pis.

Une file de gens qui attendent pour du savon... devant des rayons de bouffe pleins. Ouarf ! Une autre image, tellement floutée, déconstratée et saturée en couleur qu’il saute aux yeux qu’elle est suspecte. Une autre archi floue avec un bout de rayon vide, un truc qu’on trouve tous les jours à New-York. Un étalage de viande vide, ça arrive tous les soirs dans une boucherie digne de ce nom.

L’article parle-t-il de lois et de prison ? Tu parles, rien de tout ça. Fichtre, un surveillant de magasin a menacé de le foutre dehors... Mais ça ne vous dérange pas non plus.Et d’après lui (qui pourra vérifier ?) il a même ajouté qu’il a dit qu’il allait le faire mettre en prison... Braves journalistes, qui irait croire qu’un videur de magasin a de tels pouvoirs... Pas étonnant que certains nagent en pleine confusion quant au caractère constitutionnel d’un régime. Et vous voudriez qu’on se fie à ce genre de branques pas discrets ?

Au moins ça en jette un peu plus dans le registre barbouze... L’article que vous nous indiquez date du début janvier 2015. Qui plus est, j’ai déjà évoqué, ici même, le buzz qui semblerait avoir lancé la mode de ce genre de photos de files d’attente et de rayons vides. Je viens de retrouver l’article. Il se trouve que ce buzz a été lancé lors des fêtes de la fin d’année 2014. Mieux encore, on trouve le même - cinq fois - ce cher Oliver Laufer, pilote d’avion, dont j’ai aussi déjà parlé un peu ici... J’avais seulement oublié qu’il était à l’origine de ce mouvement...

Pas franchement un indien de la montagne, et follower de gens qui n’en sont pas non plus et qui ont la curieuse manie, tout comme lui, d’être abonnés à des profils qui ne sentent pas du tout, ni les grands journaux étasuniens, ni le sionisme hyperactif... L’entête de sa page twitter est déjà un peu éloquente. Son patronyme sent vachement le gars du pays, ce qui ne l’empêche pas d’y exercer un métier qui sent vachement le socialisme et dont on n’irait pas imaginer qu’il peut du tout servir à quelques basses œuvres impérialistes. Le premier abonnement que j’ai trouvé sur sa page tape carrément la page du 1er ministre israélien, et la seconde mène à un gars directement connecté avec tous ces « journalistes ». En repassant, je clique sur le premier contact : un patron de cars Caracas-Miranda, qui n’a pas non plus l’air candidat à rien.

Caramba. C’est quand même con, on aurait peut-être bien aimé avoir un témoignage d’un gars ou d’une nana un brin moins suspects d’activisme gringo déboutonné. Un peu moins blancos, et surtout moins riche - c’est pas franchement dur à trouver. Encore une fois, puisqu’il n’y a qu’à se baisser... Et vous qui êtes si bien placé pour nous raconter les choses, vous n’avez pas trouvé mieux que cette vieille rengaine issue de la même clique ? C’est si dur que ça ? Allez, faites donc péter un scoop !

Bon, on t’a débusqué, gantanamo : en plus d’être blanc, riche et français, tu n’a jamais foutu les pieds au Venezuela. C’est tout de même curieux, tous ces gens qui s’appliquent à porter de faux témoignages. Et pourtant, il n’y a qu’à se baisser...


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