Commentaire de soi même
sur Le massacre d'Alep


Voir l'intégralité des commentaires de cet article

soi même 22 octobre 2016 16:04

suite ;

Des risques de dérapages importants

Les puissances occidentales ont un problème de conscience. Elles savent qu’elles sont dans l’incapacité d’endiguer les abominations qui se déroulent sur le front syro-irakien et plus particulièrement en Syrie. Elles condamnent donc unanimement la Russie qui soutient le régime de Bachar el-Assad. Mais, à aucun moment, elles ne se posent la question de leur responsabilité dans cette guerre civile. Certes, le régime de Damas a tout pour déplaire mais la révolte débutée en 2011 a ensuite été soutenue directement et indirectement par l’Occident qui, comme ailleurs, souhaitait établir un « régime démocratique ». Force est de constater que cet objectif est totalement irréaliste et inapplicable à moins de revenir à une nouvelle forme de colonialisme[3]. Ce serait aussi la meilleure manière de renforcer le sentiment anti-occidental qui est déjà très développé au Proche-Orient.

De plus, les pays alliés des Occidentaux dans la coalition anti-Daech n’ont pas les mêmes principes humanitaires vis-à-vis des populations civiles. Il suffit de voir la répression qu’exerce la Turquie sur ses populations kurdes et les bombardements aveugles que mène l’Arabie saoudite au Yémen. Avant de donner des leçons de morale au monde entier, il serait utile de faire un peu d’autocritique.

Et il y a pire. Les appels et les actions lancés par l’Occident contre la Russie constituent de véritables provocations orchestrées par les néoconservateurs américains et leurs relais extrêmement puissants dans la société civile. Vladimir Poutine qui, jusque là, avait su garder un certain calme a considérablement musclé son discours de manière à prévenir le futur président des Etats-Unis qu’il comptait discuter avec lui (ou elle) d’égal à égal.

Les risques de dérapages vont crescendo. Washington désigne sans ambages Moscou comme étant son adversaire numéro un, même avant les islamistes radicaux. Cela est devenu une véritable fixation et si Hillary Clinton est élue à la magistrature suprême, cela ne va pas aller en s’améliorant. Même le nucléaire, sujet pourtant tabou diplomatiquement jusque là, ne semble plus être sacré. Ainsi, Ashton Carter, le secrétaire américain à la Défense a déclaré : « Les Etats-Unis ne veulent pas s’interdire de dégainer les premiers l’arme nucléaire en cas de conflit  ». De son côté, Moscou précise que la Russie « se réserve le droit de se servir de son arme nucléaire en riposte à une attaque à l’arme nucléaire ou à une autre arme de destruction massive, réalisée contre elle et/ou ses alliés, ainsi qu’en cas d’une agression massive à l’arme conventionnelle mettant en danger l’existence même de l’État  ».

Par ailleurs, les deux parties se livrent désormais à des provocations réciproques venant chatouiller l’adversaire à la limite de cs espaces aériens ou maritimes. Les pays du nord-est de l’Europe, qui ont gardé de très mauvais souvenirs de la période soviétique - on peut aisément les comprendre - poussent à la roue, accusant Moscou de volonté hégémonique et de visées stratégiques cachées. Le spectre de l’annexion de la Crimée est passé par là. L’OTAN embraye derrière pour défendre l’Europe du Nord d’une éventuelle « agression russe ». Résultat, Moscou se dit à son tour menacé par l’OTAN qui n’a cessé de grignoter ses marches depuis l’effondrement de l’URSS, malgré les engagements conclus avec Gorbatchev. La volonté de développer un bouclier anti-missiles destiné à protéger l’Occident d’une éventuelle attaque iranienne - qui ne pourrait survenir que dans des dizaines d’années - ne trompe personne. Il s’agit à l’évidence d’une mesure supplémentaire de surveillance de la Russie, bien évidemment très mal perçue au Kremlin.

Rien ne semble à même de stopper cette spirale qui replonge le monde dans une nouvelle Guerre froide, d’où le titre en en-tête de ce billet : ils sont tous devenus fous.


  • [1] Même la BBC dévoile le plan de bataille prévu : renforcement de la base logistique de Qayyarah à 60 kilomètres au sud de Mossoul, encerclement progressif de la ville - les peshmergas verrouillant les accès nord -, approche des abords avant le 8 novembre, date du début de l’élection présidentielle américaine, début de la bataille de rues en novembre-décembre...
  • [2] Pour les idéologues de Daech, Dabiq est le lieu d’une bataille entre les Romains (en réalité les Byzantins du temps de Mahomet) et les forces musulmanes avant la fin du monde. Les deux grandes « revues » de propagande de Daech se nomment Dabiq et Rumiyah (Rome).
  • [3] Encore faudrait-il en avoir les moyens militaires. En dehors des Etats-Unis, personne ne les a.

Il est évident ces informations sont un peut plus sérieux que tes Jérémiades qui oublient simplement dans cette affaire notre responsabilité de l’Occident dans ce Drame.

La grande histoire se souviendra de cela :

( Les puissances occidentales ont un problème de conscience ( Morale ). Elles savent qu’elles sont dans l’incapacité d’endiguer les abominations qui se déroulent sur le front syro-irakien et plus particulièrement en Syrie. Elles condamnent donc unanimement la Russie qui soutient le régime de Bachar el-Assad. Mais, à aucun moment, elles ne se posent la question de leur responsabilité dans cette guerre civile. Certes, le régime de Damas a tout pour déplaire mais la révolte débutée en 2011 a ensuite été soutenue directement et indirectement par l’Occident qui, comme ailleurs, souhaitait établir un « régime démocratique ». Force est de constater que cet objectif est totalement irréaliste et inapplicable à moins de revenir à une nouvelle forme de colonialisme[3]. Ce serait aussi la meilleure manière de renforcer le sentiment anti-occidental qui est déjà très développé au Proche-Orient. » )

Et l’on en est qu’au début de toute ces retombés en Occident, qui va probablement payé le prix fort de n’avoir toujours pas compris l’age d’or de l’Europe Colonialisme c’est fini .


Voir ce commentaire dans son contexte