Commentaire de philippe baron-abrioux
sur Ces médecins qui ne savent plus communiquer...


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philippe baron-abrioux 22 octobre 2016 17:09


 Bonjour Rosemar ,

merci pour votre article !

 il se trouve que ,durant les trois dernières années , j’ai dû faire appel plus de 20 fois au 15 ou au 112 pour des hospitalisations en urgence,de jour et de nuit , suite à des crises très douloureuses dues à une maladie chronique avec un suivi par une spécialiste et deux interventions chirurgicales lourdes en 2014, puis une encore cette année .

 toutes ces années , j’avais dans ma chambre un sac de voyage complet avec tout le nécessaire, pour une quinzaine de jours, prêt pour un départ en urgence vers l’hôpital , ceci afin de ne pas faire perdre de temps aux urgentistes et aux ambulanciers qui viendraient me chercher .

 j’étais le plus souvent quand il y avait de la place orienté vers le service de cette spécialiste , pour les deux interventions chirurgicales vers les services de chirurgie de cette spécialité et il y a deux ans vers une unité de soins intensifs pour une septicémie .

 lors d’un rendez vous de suivi avec la spécialiste( qui assure mon suivi médical depuis huit ans) on en est arrivé à parler de son service et du service de chirurgie de sa spécialité . elle m’a demandé comment j’avais été accueilli dans ces deux unités de soins et si j’avais des remarques à faire sur ces hospitalisations .

 il se trouve que j’ai été marié avec une femme médecin et que, durant tout son internat en particulier , nous échangions elle et moi sur ce qu’elle notait dans les services où elle avait à travailler . elle déplorait souvent le peu de cas fait par d’autres médecins hospitaliers de la parole du patient , souvent interrompu dans la description maladroite de son ressenti ou des contraintes induites mais souvent mal présentées ou expliquées de cette vie collective pourtant inévitables .

cette spécialiste à qui je disais ce que j’avais remarqué (rien de bien grave mais peut être des points perfectibles en tenant compte des réalités propres à cet établissement ) depuis que nous nous connaissions surtout à propos de mes hospitalisations , m’a indiqué des ouvrages de Martin Winckler : le choeur des femmes , la maladie de Sachs , les trois médecins .

 j’ai lu ces trois livres qui m’ont paru décrire le vécu de nombre de médecins et de patients puisque nos sorts sont forcément liés à un moment ou à un autre de nos vies .

 chacun a son avis sur ce’ sujet et s’il est clair que la technicisation de la Médecine crée une forme de distance entre patient et médecin , elle permet aussi une surveillance accrue (quand tout fonctionne : j’ai été ramené en chambre un jour où on devait me poser un « stent » ; plateau technique de la salle d’intervention en panne ) .

 j’ai donc renoncé à cette intervention à renouveler tous les ans avec anesthésie, pour finalement opter pour une intervention plus lourde (laparotomie ) dont on m’a clairement dit qu’elle était au vu des mes A.L.D bien plus risquée mais qui me permet de ne pas avoir eu besoin d’appeler ni le 15 ni le 112 depuis sept mois (ce qui ne m’était JAMAIS arrivé ces trois dernières années) .

 ai je eu plus de chance que d’autres patients en pouvant m’exprimer sans redouter de le faire devant des femmes et des hommes qui ,s’ils sont détenteurs d’un savoir réel et capables de mettre en oeuvre des moyens techniques qui peuvent « impressionner » le patient lambda , devraient aussi être capables d’une écoute bienveillante ? ce à quoi il semble bien encore qu’ils ne soient pas tous suffisamment sensibilisés lors de leurs études ?

j’ai pourtant vu le chirurgien passer à 22 heures 30 dans ma chambre pour prendre de nos nouvelles , les miennes bien sûr mais celles aussi de l’autre patient de la chambre qu’il voyait pour la première fois mais souffrait lui aussi . j’ai vu du personnel soignant courir à la moindre alerte sonore de ma pompe à morphine ou venir sans bruit vérifier la qualité de mon « presque » sommeil ou proposer en pleine nuit de retourner mon matelas .

il existe de fiches de fin de séjour qui permettent de noter les remarques de chaque patient : qui les remplit (ou est capable de les remplir , pensez aux étrangers ou aux illettrés !) ?

qui ensuite prend le temps de les lire et tente de voir ce qu’il est possible d’améliorer ,sans frais , par des mesures de simple bon sens ?

j’ai vu aussi et entendu des externes , étudiants au début de leurs études , étonnés que je les accueille et accepte de leur répondre quand d’autres les considèrent souvent comme inutiles et ont tendance à les traiter par un certain mépris . j’ai vu des aide soignantes dévouées faire tout leur possible pour calmer des patients inquiets , voulant prévenir leur famille leur prêtant un instant le téléphone du service ou les aidant pour des soins d’hygiène adaptés . et aussi du personnel d’entretien m’indiquant que le sol était glissant et me proposant une chaise ou de m’aider de leur bras .

ce que je viens de relater s’est passé dans un HOPITAL PUBLIC , ici en France , je tiens à le préciser et même si tout n’est pas parfait on le sait bien , il faudrait aussi être capable de dire Merci (même si « on paye avec nos cotisations » comme cela est revendiqué si souvent comme un dû ) à toute cette filière de soins si souvent décriée mais qui le plus globalement est entièrement dévouée aux patients pas toujours ni faciles ni corrects en particulier avec ceux considérés comme les « petits » qui sont en réalité les plus souvent proches des patients .

 je viens à ce propos d’écrire une lettre de remerciements à un docteur , une jeune femme et à tout le personnel de son service qui ont « accompagné » une de mes amies morte il y a 10 jours .

 pensez y aussi ;de temps en temps cela fait plaisir de savoir son travail apprécié et reconnu pour ce qu’il est !

bonne fin de journée !

 P.B.A

 

 

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