Commentaire de sophonie
sur Marx sauvera-t-il le capitalisme ? (part I)


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sophonie 8 janvier 2017 05:44

@Gilles Bonafi
La théorie de Marx ne doit pas tout à Smith et Ricardo. La la théorie de la valeur-travail de Marx diffère très sensiblement de celle de Ricardo. Chez Ricardo, elle était vue comme une loi économique naturelle. Chez Marx, cette loi n’existe que dans la société capitaliste, et c’est pourquoi elle n’aura plus cours dans la société communiste. Marx étudie les rapports économiques comme historiquement déterminés, contrairement aux économistes classiques. D’autre part, sa théorie de la valeur est rattachée à l’analyse du procès de production. Il affirme donc avoir découvert derrière la dualité de la valeur la dualité du travail , qui se présente comme travail abstrait et concret. Cette thèse est absente des oeuvres de Ricardo qui contrairement à Marx ne cherche pas à découvrir les lois économiques à partir du procès de production. Enfin, Ricardo n’a pas assez développé sa théorie de la valeur pour voir tous les problèmes qu’elle impliquait. Marx, par son analyse détaillée, montre que la théorie de la valeur n’est pas vraie dans le cadre de la société capitaliste mais qu’elle n’en exprime qu’un rapport déterminé. La théorie de la valeur vaut dans le cadre de la production immédiate du procès de production, non dans les rapports concrets, développés de la société capitaliste, dans les prix réels. Ceci est expliqué au début du chapitre 3, quand il est question de la différence entre valeur et prix de production. 

Ricardo n’a pas non plus développé la même théorie de la plus-value que Marx. Certes, Marx s’est inspiré des ricardiens de gauche (et pas de Ricardo lui-même) mais les ricardiens de gauche eux-mêmes n’avaient pas développé la notion de force de travail et exposé la théorie de la détermination de la valeur de cette force de travail.
La théorie de la rente de Marx reprend en partie celle de Ricardo, mais elle l’approfondit en montrant que la culture des terrains défrichés ne signifie pas forcément une augmentation du coût de production des denrées agricoles.
La théorie monétaire est bien différente. Marx se moque de Ricardo qui voulait imposer à la banque d’Angleterre un rapport minimum entre la quantité de monnaie émise et son stock d’or. Il montre l’échec de cette législation et dit que la quantité de monnaie en circulation n’est déterminée que par les besoins de la circulation.
Par ailleurs, Marx avait une connaissance encyclopédique des économistes, comme Smith, Ricardo Destutt de Tracy, Mill, Say, Tooke ou Senior, qu’ils s’attache à réfuter avec sérieux. Il a étudié en plus très attentivement les faits économiques, les mouvements boursiers, l’évolution des stocks d’or de la banque d’Angleterre, la législation sur l’activité économique et ses conséquences... Il a établi la distinction désormais célèbre entre la sphère d’activité qui produit les biens de consommation et celle qui produit les moyens de production, distinction reprise par Keynes par exemple. Ses théories représentent une tentative de compréhension globale des faits économiques. Je ne vois pas en quoi on peut lui dénier sa qualité d’économiste. 
Quant à la réfutation de SImmonnot elle n’aurait pas fait sourciller Marx lui-même. Elle relève d’une méconnaissance de l’oeuvre de Marx et d’une incompréhension de son concept de profit. D’ailleurs elle ne vise pas tant la loi de baisse tendancielle que la notion de profit lui-même. Il ne faut pas se laisser abuser par une formalisation du reste très sommaire.Pou résumer l’idée de Simmonnot, selon lui, la théorie de Marx implique que la composition organique du capital modifie le taux de profit or dans le cadre de concurrence pure et parfaite qu’étudie Marx, la composition organique du capital ne peut déterminer le profit. Mais ce serait vrai si, pour Marx, les prix étaient déterminés par la loi de la valeur-travail, ce qui n’est pas le cas. Avant d’énoncer la loi tendancielle du taux de profit il introduit le concept de profit moyen. Le profit dans une branche de production est déterminé par la composition organique moyenne du capital dans toutes les branches, non par la composition organique réelle dans la dite branche. Je ne développe pas plus avant, tout ceci est très bien expliqué au début du livre 3 du capital. 

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