Commentaire de BAKOYE
sur Haro sur le franc CFA


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BAKOYE 10 janvier 2017 11:58

@Oceane
Discuter avec l’autre a rarement pour objet d’amener l’autre à changer d’avis. Surtout si sa croyance est solidement ancrée. En revanche il est intéressant de voir les éléments qui sont communiqués en appuis à l’argumentaire. Ensuite chacun en fait ce qu’il veut.
Le CFA sera détaché de l’Euro qu’on le veuille ou non ; probablement dans les cinq ans qui viennent au plus tard. Si dans l’intervalle les pays concernés n’ont pas installé de capacité de production interne pour produire sur place les produits de première nécessité, la pauvreté actuelle apparaîtra comme un luxe dont on n’était pas conscient et qu’on regrettera pendant longtemps.
Le compte d’opération est un compte à vue. Point. Je vous ai déjà indiqué l’avantage du Trésor français dans l’opération : disposer d’un volume de « mouvements créditeurs » tout comme une banque demande à son client de lui confier du mouvement en échange de concours éventuels. Les fonds déposés au compte d’opération n’appartiennent pas au Trésor français qui autorise même des découverts sur ce compte aux États concernés. Je ne vois pas ce qui est difficile à comprendre ici, à moins que vous contestiez ce fait.
L’avantage du maintien de la parité fixe avec l’Euro pour la France en tant qu’État, c’est que les investissements réalisés dans ces pays conservent leur valeur et que les revenus de leurs entreprises et travailleurs en CFA rapatriés en France conservent aussi leur valeur. C’est essentiellement cet avantage que la France protège avec la parité. En quoi est-ce un désavantage pour les États africains concernés dont les investissements sont aussi conservés en valeur ?
Je n’ai pas encore rencontré de chef d’entreprise africain de la zone CFA qui postule pour la sortie du CFA. C’est toujours des fonctionnaires internationaux ou des professeurs, c’est à dire des personnes qui vivent des impôts générés par d’autres.
Gérer sa monnaie n’est pas équivalent de gérer son économie. La FED américaine et la Banque centrale européenne sont des entités indépendantes des gouvernements dont elles n’accompagnent pas nécessairement les programmes.
Mon grand regret c’est qu’en Afrique nous n’ayons pas opté pour la science et les mathématiques à l’indépendance (qui enseignent la rigueur) et que nous ayons plutôt opté pour l’enseignement littéraire qui nous a rendus spécialistes de la manipulation du verbe pour briller en société. Avec le refus de regarder la vérité en face et la perpétuelle attribution de nos faiblesses aux autres, nous continuerons à faire du sur place. Mais comme le monde avance, notre recul ne sera que plus tragique.
Pour en revenir à l’autonomie monétaire, oui elle est nécessaire ; mais elle ne sert strictement à rien s’il n’y a pas de capacité industrielle installée. C’est ça la priorité, et non le CFA. Un pays qui n’est que consommateur de produits fabriqués ailleurs est tout sauf souverain, quelle que soit sa monnaie.


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