Commentaire de Christian Labrune
sur Développement durable et biodiversité : quand les politiques européennes menacent la survie de la Méditerranée*


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Christian Labrune Christian Labrune 16 avril 2017 12:48

@Philippe VERGNES
Trève de plaisanteries. Je viens de lire votre article. Vous me direz que c’est par là que j’aurais dû commencer, mais dès lors qu’on se couvre de l’uniforme des écologistes, toute suspicion de la part du lecteur devient extrêmement légitime.

Ce qui caractérise l’idéologie de l’Eglise écologiste, c’est la clairvoyance dont elle prétend se prévaloir. Comme les premières sectes chrétiennes, elle annonce l’apocalypse et la fin de temps pour les prochaines années.

Or, tout donne à penser, lorsqu’on prend en compte l’évolution de la culture scientifique, qu’il n’y a pas beaucoup de rapport entre les prévisions de l’écologie et l’avenir du monde. On est arrivé à un moment de l’évolution où la logique du vivant devient de plus en plus facile à décrypter, et maîtrisable. La convergence des recherches dans les domaines de l’intelligence artificielle et des nanotechnologies, lesquelles permettent d’organiser la matière atome par atome, rend caduques vos considérations sur la disparition du vivant. On n’aurait jamais cru possible, il y a quarante ans, de décrypter le code génétique des espèces. C’est déjà fait pour l’homme, et le coût de ces sortes d’investigations ne cesse de baisser ; ce qui était une performance de laboratoire est devenu désormais le résultat d’un processus automatisé d’une grande banalité. Inutile donc de s’émouvoir sur la disparition des espèces. On pourra les ressusciter mais, tout aussi bien, en fabriquer d’autres qui n’ont jamais existé et qui pourraient répondre aux exigences de la seule fantaisie esthétique : on n’a plus besoin de la force animale, et les moteurs sont plus efficaces que la masse musculaire des habitants du crétacé.

Dans les années 80, les thèses de l’IA forte étaient encore très contestées par les spiritualistes qui voyaient l’espèce humaine comme le sommet indépassable de l’évolution. Ce n’est plus le cas aujourd’hui. Ce qui limite encore l’intelligence artificielle, c’est l’insuffisance de machines, structurées selon le schéma de Von neumann même si leur architecture est « massivement parallèle », qui ne permettent pas d’implémenter facilement une logique d’interconnexions synaptiques aussi complexe que celle du cerveau humain, mais dans dix ans, les ordinateurs à Qbits, qui existent déjà, seront tout à fait au point et on approchera de ce moment que Von Neumann avait prévu dès les années cinquante et que les post-humanistes - qui ne sont pas du tout des rêveurs -, appellent « singularité ». Autrement dit, l’intelligence humaine, qui évolue fort lentement (nous ne sommes guère plus intelligents que nos ancêtres du néolithique), sera bientôt dépassée par celle d’un système artificiel dont la mémoire déjà très bien constituée (l’internet) aura précédé l’existence. L’évolution humaine touche donc à son terme, et dans moins de deux siècles, notre espèce biologique, si elle existe encore, n’aura pas plus le pouvoir de contrôler la planète que nos chimpanzés dans les zoos, lesquels n’ont toujours pas, que je sache, de représentants élus dans les assemblées parlementaires. La capacité humaine de penser qui, selon Pascal, fait « notre dignité » n’aura pas disparu, elle aura été décuplée, désolidarisée d’un substrat biologique imparfait qui, hélas, la rendait mortelle.

Il va de soi qu’un système cybernétique à l’échelle d’une planète n’a pas vraiment besoin de se soucier de la montée des océans, de l’augmentation de la température, et du taux de CO2 dans l’atmosphère ! Il existera tout aussi bien dans le vide intergalactique. Or, tels que nous sommes actuellement, nous ne pourrions jamais prétendre l’occuper.

L’écologie n’est donc pas très loin, si on réfléchit à ces évolutions inévitables - et pour moi fort enthousiasmantes !-, de celle des créationnistes américains pour qui la Nature voulue par le Créateur devrait rester ce qu’on la voit être jusqu’à la fin des temps.


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