Commentaire de BA
sur La Solution Finale


Voir l'intégralité des commentaires de cet article

BA 25 novembre 2017 15:39

Les esclaves de Libye.

En Libye, ces migrants sont vendus comme esclaves aux enchères.

Un reportage de la chaîne de télévision américaine CNN montre que dans la Libye déchirée dans laquelle transitent de nombreux migrants, des hommes sont vendus lors d’enchères aux esclaves.

Sur une vidéo filmée en août dernier, des hommes attendent debout, tandis qu’on entend un individu dire : « Ce sont des garçons grands et forts pour les travaux de la ferme ».

Le même scande bientôt : « 400, 700, 800 ». C’est le prix, en dinars libyens, pour lequel il propose de vendre des êtres humains.

https://www.youtube.com/watch?v=z08zUFaF740

Le président français Emmanuel Macron a qualifié mercredi de « crimes contre l’Humanité » les ventes de migrants africains comme esclaves en Libye, révélées par la chaîne américaine CNN.

Jeudi 23 novembre 2017 :

Au Maghreb, la persistance d’un racisme anti-Noirs.

Parmi les réactions suscitées par la diffusion de la vidéo de CNN montrant une vente aux enchères de migrants subsahariens en Libye, la dénonciation d’un racisme anti-Noirs persistant dans les pays du Maghreb figure en bonne place.

Si les situations n’y sont pas comparables à la barbarie observée en Libye, les communautés noires continuent toutefois d’y être victimes de mépris, de discriminations, voire d’agressions.

En Algérie, il existe une forte présence de migrants subsahariens qui y restent de quelques mois à quelques années, comme une pause sur leur route vers l’Europe. Selon les associations locales, ils seraient près de 100 000. Vivant dans les périphéries des grandes villes, privés de statut légal, ces habitants « fantômes » occupent souvent des emplois à la journée dans le secteur de la construction.

En octobre 2015, l’histoire de Marie-Simone, une migrante camerounaise d’une trentaine d’années, avait fait la « une » de la presse. Victime d’un viol collectif à Oran (ouest), elle avait eu le plus grand mal à se faire soigner et à porter plainte.

En mars 2016, à Ouargla (sud), c’est le meurtre d’un Algérien poignardé par un migrant nigérien qui avait dégénéré en une véritable chasse aux migrants. Et les exemples ne manquent pas.

Les autorités algériennes sont récemment revenues sur la tolérance dont elles avaient fait preuve vis-à-vis de la migration subsaharienne depuis 2012 et le début des troubles au nord du Mali. En décembre 2016, 1 200 personnes ont été renvoyées du pays. D’autres rafles et expulsions ont depuis été menées dans les grandes villes du pays. Emmenés en bus jusqu’à Tamanrasset, à 2 000 km au sud d’Alger, ils ont ensuite été relâchés de l’autre côté de la frontière, côté nigérien, parfois en plein désert.

« L’esclavage est la forme la plus extrême du racisme »

Au Maroc, de nombreux témoignages font aussi état d’un racisme latent. Celui-ci va de faits divers extrêmement violents – en 2014, trois migrants ont été tués à Boukhalef, un quartier périphérique de Tanger – à un racisme diffus. « Dans la rue, certains nous appellent Ebola », racontait un Camerounais rencontré en septembre à Tétouan (nord).

La partie nord du royaume est un territoire de passage pour les Subsahariens qui veulent tenter la traversée vers l’Europe : soit par la mer, soit en essayant de franchir les barrières qui séparent le continent africain des enclaves espagnoles de Ceuta et Melilla. Contraints de se cacher dans des conditions très dures, beaucoup sont victimes de bastonnades lorsqu’ils sont pris, puis envoyés dans des villes du sud du Maroc pour tenter de les éloigner.

En Mauritanie, plus au sud, le racisme ne vise pas les migrants de passage mais une partie des citoyens mauritaniens, rappelant la situation d’un pays où les Maures blancs concentrent la majorité des pouvoirs au détriment des Haratine, descendants d’esclaves, et des Négro-Africains. L’esclavage y a été interdit en 1981. Son interdiction a même été inscrite dans la Constitution en 2012, mais la pratique reste courante.

« Le racisme anti-Noirs continue aujourd’hui au Maghreb. La couleur de peau est toujours associée à un statut inférieur. Des tribus pratiquaient l’esclavagisme dans tout le Maghreb et c’est resté dans l’imaginaire collectif », souligne le sociologue marocain Mehdi Alioua, président du Groupe antiraciste de défense et d’accompagnement des étrangers et des migrants (Gadem).

« L’esclavage, la chosification du corps est la forme la plus extrême du racisme », poursuit-il, en référence à la vidéo de CNN.

L’universitaire déplore toutefois le manque de recherches sur cette question. Le sujet du racisme anti-Noirs dans les pays nord-africains est peu documenté, par manque de moyens et certainement aussi à cause d’une forme d’autocensure.

« Certains craignent d’être accusés de faire le jeu de l’Occident. La conséquence de cette absence de connaissances, c’est que, parfois, on sous-estime ce racisme, parfois, on le surestime. », poursuit M. Alioua, qui précise toutefois que le débat avance : « A chaque fois qu’une campagne de sensibilisation est lancée, elle reçoit plutôt un bon écho au sein de la population et ce dans tous les pays du Maghreb ».

« Une source de criminalité, de drogue et de plusieurs fléaux »

Au Maroc, l’augmentation du nombre de migrants subsahariens ces dernières années a eu un effet ambivalent, provoquant tout à la fois plus de frustrations parmi la population – certains estimant, sur fond de difficultés économiques, que les migrants ont plus d’aides que les nationaux –, mais permettant en même temps de démocratiser la problématique et d’accroître la dynamique de soutien aux migrants.

En Algérie aussi, les associations se sont emparées ces dernières années de la situation des Subsahariens. Leïla Beratto, correspondante de RFI, travaille sur le sujet depuis des années. « Cette discrimination est liée à l’histoire de l’Algérie où des Noirs ont été les esclaves de riches familles à la peau claire, mais elle s’explique aussi par les différences culturelles entre Algériens et Subsahariens qui se connaissent mal », note la journaliste.

L’un des facteurs déterminant de l’accueil réside dans l’attitude des autorités. Début juillet, Ahmed Ouyahia – devenu le 15 août premier ministre d’Algérie – avait affirmé que les migrants sont « une source de criminalité, de drogue et de plusieurs autres fléaux ». Quelques jours plus tard, le ministre des affaires étrangères, Abdelkader Messahel, parlait lui d’« une menace pour la sécurité » du pays. « Dans ces conditions, le travail de sensibilisation sur le terrain est rendu encore plus difficile », souligne Leïla Beratto.

http://www.lemonde.fr/afrique/article/2017/11/23/au-maghreb-la-persistance-d-un-racisme-anti-noirs_5219175_3212.html


Voir ce commentaire dans son contexte