Commentaire de Hamed
sur Le sens des réserves de change dans la stabilité des pays ne disposant pas de monnaies nationales mondiales. La Grèce, sauvée par l'euro


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Hamed 16 décembre 2017 12:13

@Kapimo

Votre raisonnement se tient. Sauf que :

1) Ce qui s’est passé entre l’Occident et les pays émergents a été un « processus historique naturel ». L’Occident devenu trop riche et en même temps une main d’œuvre trop chère ne pouvait pas rivaliser avec une production des Émergents qui disposaient d’une main d’œuvre peu coûteuse. Le savoir-faire précédemment détenu par l’Occident a émigré vers ces pays y compris une partie de l’industrie occidentale. Pour celle-ci, il était plus rentable de délocaliser et profiter du partage des bénéfices que de fermer et démanteler l’infrastructure.

2) Il n’y a pas eu d’abandon, mais une nécessité économique pour les deux. Sans l’Occident, les pays émergents n’auraient pu se développer, et sans les pays émergents, l’Occident n’aurait pu produire massivement, il aurait fermé une grande partie des usines. C’est ce qui s’est passé dans les années 1930, le reste du monde colonisé, l’Occident était bloqué. Il ne pouvait pas exporter, ce qui a entraîné un chômage de masse. Il n’y avait pas d’« absorbeurs de richesses ».

3) La Grèce. Si elle avait pu s’en sortir seule, elle serait certainement de la zone euro, au lieu de subir des réformes drastiques, un chômage de masse, des baisses de salaires, de retraites, et une paupérisation qui n’en finit pas.

4) Il est « vital  » pour les pays émergents et du reste du monde hors-Occident de détenir des monnaies occidentales, i.e. des réserves de change. Sans celles-ci, ils ne sont pas solvables et ne peuvent importer des biens et services pour leurs économies et aussi les intrants pour produire et exporter. Donc sans ces devises, ces pays sont pour ainsi dire « morts ».

5) « Comment l’émission de monnaie par les banques centrale occidentales génère-t-elle du déficit pour les états occidentaux (les deux entités sont séparées) ? Il me semble que cette dette des états est surtout due à la disparition des savoir-faire et des industries qui vont avec, ainsi qu’à la prise en charge par les états de pertes énormes et illégitimes des établissements financiers. »

Le lien est évident entre les délocalisations, la perte de compétitivité et l’endettement occidental, ceci dit d’une manière globale. D’autant plus que l’endettement des pays occidentaux permet aux pays du reste du monde de disposer des réserves de change pour vivre et commercer. Donc l’Occident est tenu de s’endetter sinon l’équilibre mondial est rompu.

6) Cependant l’endettement de l’Occident ne doit pas entraîner un « cercle vicieux » où ce sont les pays émergents qui en profitent. Après avoir acheté la dette occidentale pour pousser les pays européens et les États-Unis et le reste de l’Occident à importer leur production, les pays émergents mettent en demeure l’Occident de continuer à s’endetter tout en absorbant leur production, au point d’en devenir financièrement dépendants du reste du monde. Dès lors, l’Occident va se trouver « prisonnier » dans ses émissions monétaires, et viendra le moment où l’Occident sera sommé de vendre ses ports, ses aéroports, ses autoroutes, etc. Et ce processus ne peut pas marcher. L’équilibre mondial sera rompu – une colonisation par la finance est impossible pour les grandes puissances, d’un côté ou dans l’autre.

7) « Par ailleurs, il est évident que l’affaiblissement des économies occidentales (disparition des savoir-faires) va avoir pour conséquence de rendre à terme leurs monnaies inopérantes. Une fois la confiance en ces monnaies perdues, elles seront remplacées par les monnaies d’économies plus dynamiques et moins endettées (Russie, Chine etc). L’occident n’aura alors plus que ses yeux pour pleurer, et devra repartir sans entreprises productrices et sans monnaie.....
A terme, seule l’économie réelle finit par compter, car c’est sur elle que se batit la confiance en une monnaie (meme s’il y a aussi des facteurs impérialistes de type militaire).
 »

Non, la disparition du savoir-faire n’implique pas à terme leurs monnaies inopérantes. Bien, au contraire, ce sont leurs monnaies qui font marcher le monde. La confiance sur les monnaies occidentales ne sera jamais perdue. C’est comme si vous dîtes, les pays occidentaux perdront leur indépendance. La monnaie est, si l’on peut dire, un des archétype de la souveraineté d’une nation. Non l’Occident constitue encore une grande partie du monde sur tous les plans. Sauf que le monde change et qu’il doit s’adapter aux nouveaux changements.

8) « Les pays de la zone euro (à part l’Allemagne qui en profite pour se renforcer) sont comme des joueurs perdant au casino : ils préfèrent continuer à jouer, plutôt que prendre la décision d’accepter de prendre leurs pertes et de repartir sur des bases douloureuses mais réelles. C’est à mon avis tout aussi valable pour la Grèce. »

Non ! Les pays de la zone euro ne sont pas des joueurs perdants au casino mondial. Ils ne préfèrent pas continuer à jouer. Ils jouent malgré eux le rôle qui leur est imparti par l’Histoire du monde comme le font aussi les pays émergents et le reste du monde. Il y a une « musique mondiale » qui se joue dans le monde, et le « chef d’orchestre  » est l’Histoire qui se FAIT – les Nécessités du progrès du monde.

Quant à prendre la décision qui s’impose pour repartir sur des bases douloureuses et réelles, ce que vous pensez, ils l’on pensé et l’ont déjà prises depuis 2008, voilà bientôt 10 ans. Et d’ailleurs, on le constate, aujourd’hui, l’Occident est en train de se redresser. Le chemin certes est long. Mais il est en train de se faire.

Merci pour le commentaire