Commentaire de Hamed
sur Le sens des réserves de change dans la stabilité des pays ne disposant pas de monnaies nationales mondiales. La Grèce, sauvée par l'euro


Voir l'intégralité des commentaires de cet article

Hamed 16 décembre 2017 21:46

@Kapimo

Pour la Grèce, ce n’est pas l’OTAN qui est important pour elle en situation de crise. C’est sortir de la crise économique et financière, c’est payer les millions de fonctionnaires, de retraités, de continuer à soutenir les entreprises privées, le tourisme, l’agriculture, les hôpitaux, etc. Et cela demande de l’argent et beaucoup d’argent. La Grèce fortement endettée, et toutes ses ressources sont absorbées ou presque par le service de la dette, qui va lui prêter si elle est sortie de la zone euro, et retourner à sa monnaie, la drachme. Quelle garantie offre-t-elle pour rembourser ? Rien. Vendre ses îles ? Qui va les acheter et à quel prix ? Une île, il faut une police pour la défendre, etc. Et en supposant qu’elle ait vendue des îles, la Grèce est-elle compétitive ? Pourra-t-elle rembourser ?

Cependant sortir de la zone euro relève de sa décision. Elle peut sortir et « Dévaluer sa monnaie ». Cela peut se faire, mais il lui faut d’autres emprunts pour faire fonctionner l’institut d’émission de la monnaie grecque. Sinon elle ne pourra rien émettre. Donc des emprunts extérieurs, et qui va lui prêter ? Personne. Il n’y a pas de garantie de remboursement. Et les banques ne veulent pas perdre de l’argent.

Cependant, elle peut émettre des drachmes qui seraient tout au plus des assignats de la Révolution française ou des marks de l’Allemagne de 1923 (diminutif de papiermark). Pour payer une baguette de pain, il faut des milliards de marks.

C’est ce qui serait passé si la Grèce est sortie de la zone euro en 2011. En restant dans la zone euro, elle s’est certes appauvrie, mais elle a tenu le cap. Son économie se redresse progressivement.

Vous dîtes : « En quoi ce processus ne peut-il pas marcher ? La Russie n’a-t-elle pas été colonisée par la finance dans les années 90 ? La chine au 19eme siècle » Non, la Russie n’a pas été colonisée par la finance dans les années 90. Elle était en crise économique et financière. Ses réserves de change ont fondu. Elle était très endettée précisément parce que ses réserves ont fondu, et sa balance commerciale et courante restant toujours déficitaire qui ne faisait qu’augmenter son endettement. Puis c’est le clash de l’économie soviétique. La Banque centrale de l’URSS a commencé à émettre des liquidités adossées sur rien. Résultat, le pain qui coûtait 5 roubles, par exemple, a flambé. Une inflation à 2000%. Les magasins étaient pratiquement vides. L’URSS importait difficilement les produits de première nécessité. Il fallait accepter les conditions d’aides occidentales, i.e. les programmes structurels. On connaît la suite. L’URSS a cessé d’exister en 1991.

« Le déterminisme que vous invoquez n’est pas rationnellement fondé. Il y a bien des décisions qui sont prises par des décideurs, à commencer par les classes politiques nationales qui se sont soumise à l’UE, à l’euro, et qui ont décidé d’accompagner les délocalisations et de se soumettre au souhait des multinationales, et par les directeurs des banques centrales qui ont fait le choix du QE.  »

Entièrement d’accord avec vous. Cependant le déterminisme est ce qui nous meut naturellement. Par exemple, vous avez de l’argent dans une banque, et vous entendez des bruits sur elle, la première des choses que vous allez faire est d’aller retirer votre argent, sinon vous risquez de le perdre. Et tous les déposants font la même chose. A la fin, la banque fait faillite. Si vous êtes parmi les premiers à retirer vos avoirs, tant mieux pour vous, mais au fur et à mesure que les liquidités manquent, la banque a de moins en moins d’argent, elle diminue le montant des remboursements. Puis c’est la fin, le dépôt de bilan. Plus de retraits, les clients attendent la liquidation. Et en zone euro, si un déposant a 900 000 euros, le montant plafond auquel il a droit est de 100 000 euros, du Fond de garantie des banques. Il attendra encore un délai pour percevoir ce montant entre une dizaine de jours et 3 mois. Et il perdra définitivement 800 000 euros.

Et ce processus relève du déterminisme, i.e. un processus de cause à effet.

De la même façon, les décideurs des classes politiques nationales, lorsque il voit par exemple, le Japon, en crise délocaliser massivement en Corée du Sud, en Chine, et qu’il arrive à tirer des dividendes de ces transferts d’entreprises et gagne en nouveaux débouchés, et que ces pays commencent à peser sur le commerce mondial, les autres pays, par exemple européens, qui perdent des marchés, vont aussi imiter le premier. C’est comme une banque qui fait craindre une faillite. Et puis c’est le rush, tout le monde délocalise en Chine, en Inde, etc. Chaque pays développé ne veut pas rester à l’écart parce qu’il risque de perdre de plus en plus de parts de marchés, et donc devenir un importateur net, Et cela est mauvais pour sa balance commerciale et courante. Et donc cette situation dépasse tout le monde et ni les multinationales ni les directeurs de banques centrales ne peuvent s’opposer à ce cours de développement du monde. Et c’est là où l’euro entre, il ne se délocalise pas. Il faudrait beaucoup beaucoup beaucoup de temps pour le reste du monde pour arriver à avoir une monnaie unique qui sous-entend un groupement de pays et des réformes, des réformes...

J’espère avoir été clair. Merci pour le commentaire


Voir ce commentaire dans son contexte