Commentaire de Sophie
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Sophie 18 décembre 2017 20:11

SUITE SUR LE TERRORISME

Nous nous limiterons, dans ce sujet, au cas des services secrets américains dont le nombre s’élève à 16 agences, y compris la CIA est considérée comme étant la plus importante agence de renseignement au monde avec un budget annuel de 14,7 milliards de dollars[8].

A l’instar du KGB de l’ex-Union soviétique, la CIA a néanmoins besoin d’un budget beaucoup plus important que celui qui lui est officiellement accordé pour mener des opérations internationales de grande ampleur : déstabilisation de régimes et d’Etats[9] par l’intermédiaire d’une multitude de réseaux, des subventions et une rémunération d’agents directs et indirects, des campagnes de propagande menées d’une manière discrète et insidieuse, dans le cadre du « soft power » avec le concours d’organisations parallèles sans lien direct avec les services pour écarter tout soupçon…

Il arrive aussi aux services d’avoir recours à des méthodes détournées pour obtenir officiellement un budget plus important que celui qui leur est prévu par le Parlement ou le Gouvernement.

Ainsi, dans les années 90 et en vue de déstabiliser l’Irak et la Syrie, la CIA faisait voter un budget plus important au Congrès[10] en se faisant prévaloir de la nécessité de ces fonds pour alimenter des organisations chargées de ces opérations de déstabilisation. Mais, en réalité, ce n’était qu’une maigre partie de ces fonds qui était destinée à ces institutions. La majeure partie était transférée sur des comptes bancaires de sociétés-écrans appartenant à la CIA et dont la plupart a fixé leur siège social au Delaware. Ces fonds étaient destinés à mener, d’une manière beaucoup plus discrète, des opérations aussi bien dans ces pays (la Syrie et l’Irak) que dans d’autres.

Parallèlement à ces modes officiels de financement, les services secrets, y compris la CIA, ont recours à d’autres procédés pour se procurer des fonds et pour fructifier leurs actifs. Certaines méthodes sont illégales mais elles bénéficient d’une couverture pour occulter cet aspect, comme le trafic de drogue ou l’argent en provenance de ce trafic.

En effet, la plupart des services secrets du monde[11] ont recours à ce marché pour obtenir des fonds, d’une manière discrète, en dehors du regard des organes officiels des Etats. Durant la guerre du Vietnam, la CIA avait développé des réseaux pour expédier et distribuer d’énormes quantités d’héroïne fabriquées à partir de l’opium, en provenance du « Triangle d’Or », en Asie du Sud, vers les Etats-Unis et l’Europe. Il s’agit de la méthode du « syndicat Lansky », du nom de son instigateur, Meyer Lansky : une structure permettant à la CIA de diriger er de contrôler la récolte et la transformation de l’opium en héroïne[12], de l’acheminer[13] et la distribuer en Europe et aux Etats-Unis[14].

Par ailleurs, sans être impliqué directement dans la direction et la gestion du trafic, la CIA bénéficiait d’un financement en provenance de la drogue, en aidant et facilitant l’activité des réseaux de ce trafic, contre une rémunération au pourcentage[15]. Ce processus s’est en particulier développé durant la guerre des Contras en Amérique latine[16]. Par l’intermédiaire de structures compliquées et enchevêtrées de sociétés – écrans, la CIA fournissait notamment des avions-cargos aux trafiquants de drogue mais aussi leur permettait de blanchir l’argent en provenance de ce trafic. En 1998, le rapport Frédérick Hitz accabla l’agence de renseignement américaine. Il révéla notamment l’existence de liens entre les services américains, y compris la CIA, avec des trafiquants de drogue d’Amérique du Sud. Ceux sont les comptes bancaires révélés à l’occasion du scandale « Iran Gate » (ou « Iran-Contras ») sur lesquels était versé le prix de vente d’armes à l’Iran (qui était sous embargo américain à l’époque) qui ont permis de dévoiler ces opérations. Par ailleurs, l’Afghanistan avait également permis aux services américains d’obtenir des sommes exorbitantes nécessaires à leurs opérations.

En effet, la guerre d’Afghanistan[17] aurait coûté, officiellement, plus de six milliards de dollars[18], supportés à moitié par les Etats – Unis et l’Arabie saoudite[19]. Néanmoins, parallèlement à ce budget officiel, des sources occultes contribuèrent au financement aussi bien de cette guerre qu’à la mise en place des Talibans et, plus tard, d’Al Qaïda. Il s’agit du commerce de la drogue qui a resurgi dans cette région appelée « le croissant fertile » qui rapporte entre 100 et 200 milliards de dollars par an[20]. En effet, la région de l’Asie centrale constitue, parallèlement à ses réserves de pétrole, une plate-forme stratégique pour le commerce de la drogue, notamment de l’opium.

La production de l’héroïne qui était réduite en Afghanistan avant la guerre a repris, dans les années 90. Les territoires près de la frontière pakistano-afghane devinrent le principal fournisseur de l’héroïne sur le marché mondial[21]. Sous l’impulsion de la CIA, les Moujahidines donnèrent l’ordre aux paysans de cultiver de l’opium sur les parcelles qu’ils contrôlaient. Des laboratoires de fabrication de l’héroïne à partir de l’opium furent mis en place grâce à l’entremise d’hommes d’affaires et de dirigeants afghans avec la collaboration des services secrets, au Pakistan.

En 1995, le directeur des opération de la CIA en Afghanistan, Charles Cogan admit que « la CIA en Afghanistan avait sacrifié la guerre contre la drogue pour se consacrer à la guerre froide. (…) Notre mission principale était d’infliger le plus de dommages possible aux Soviétiques. Nous n’avions pas vraiment les ressources et le temps requis pour enquêter sur le commerce de la drogue ».

Ainsi donc, la production de l’opium avait augmenté de 15 fois, depuis le début de la guerre d’Afghanistan en 1979. Elle n’a cessé de s’accroître, bénéficiant de l’aide aussi bien des Talibans (avant qu’ils interdisent sa plantation en 2000, un an avant les attaques aux Etats-Unis[22]) que celle des combattants d’Oussama Ben Laden, dans une zone chaotique de non-droit.

Une fois traitée dans les laboratoires, l’héroïne était ensuite acheminée, par des réseaux, en Europe mais aussi aux Etats – Unis[23], bénéficiant d’une protection assurée par une coopération entre certaines branches des services secrets. Arrivée sur le marché, la drogue était distribuée et écoulée d’une manière très discrète, ne permettant pas de déterminer la tête des réseaux (système du syndicat Lansky[24] ou système dit des « arts clandestins »[25]).

Les bénéfices des ventes étaient[26] ensuite blanchis dans des comptes bancaires secrets. Certaines liquidités étaient déposées dans des coffres. D’autres étaient placées à la bourse de New York avec la complicité de certaines institutions financières. Une cascade de sociétés – écrans appartenant à la CIA, dont le siège social était situé notamment à Delaware, bénéficiaient de ces placements à la fois pour blanchir l’argent et gagner encore plus de dividendes d’une manière totalement légale et transparente. Les sommes provenant de ces montages servaient à alimenter les « budgets noirs » des services, en dehors des circuits légaux institutionnels[27] et échapper ainsi aux regards des parlementaires et des politiques, en assurant à leurs opérations le secret et la plus stricte discrétion, bien qu’ils aient parfois bénéficié de la complicité de certains politiques et de personnalités haut placées pour faciliter le transport, la distribution et la collecte des bénéfices provenant de la vente ou du commerce de la drogue. Ces opérations ont été révélées à l’occasion d’enquêtes judiciaires à l’instar du rapport d’inspection générale de la CIA[28] précité, établi en 1998. Ce dernier révéla des connexions entre la CIA et certaines institutions de l’appareil d’Etat américain[29], facilitant ces opérations ; notamment les liens avec des fabricants de la drogue en Amérique du sud, associant également des organisations humanitaires pour camoufler ce trafic[30].

Ces méthodes déjà connues car dévoilées à l’occasion d’enquêtes judiciaires ont été utilisées en Afghanistan où les services américains ont fourni non seulement une aide logistique mais également financière en Afghanistan, pour contrer certes les Soviétiques mais, au – delà de cet objectif, pour expérimenter davantage l’instrumentalisation de la religion à des fins politiques aussi bien de ce pays qu’en Europe de l’est[31] et dans d’autres pays de la planète. Ainsi, le commerce de la drogue en Asie centrale servit à financer également l’armée musulmane bosniaque, depuis 1990, ainsi que l’armée de libération du Kossovo (UCK).

Nerf secret de la guerre, ce commerce a été associé à d’autres sources de financement officiels mais également occultes, contribuant aussi bien à des opérations militaires qu’à une entreprise de propagande, mais aussi à la mise en place de groupes ou « mouvements » tels que « Al Qaïda ».


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