Commentaire de maQiavel
sur Une chute brutale du régime iranien n'est pas dans l'intérêt d'Israël


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maQiavel maQiavel 13 janvier 2018 07:23

@Xenozoid

Tout à fait. La subversion ne peut fonctionner que lorsque la cible est réceptive c.à.d. qu’elle incube en elle de graves antagonismes. Les révolutions ne se déclenchent pas ex-nhilo, aucun acteur politique n’à le pouvoir de les créer de toutes pièces à partir de rien, il faut un terreau favorable, un contexte permettant la réussite des méthodes de subversion. De bons services de renseignements et particulièrement de contre espionnages peuvent ponctuellement, à court et moyen terme empêcher la réalisation de telle ou telle autre manœuvre de subversion venant d’un ennemi mais sur le long terme , seule l’unité du corps politique permet d’y être réfractaire.

Mais si le cadre général est le même, il y’a des spécificités. Comment la classe dirigeante iranienne arrivera-t-elle à surmonter ses antagonismes ? La grande nécessité aujourd’hui pour l’Iran, c’est de réussir à réformer le secteur parapublic, sur ce point Rohani a raison mais comment faire ? Sa petite manipulation a échoué et s’est retournée contre lui et le régime.

Ensuite, il y’a des problèmes liées aux grandes orientations économiques. La stratégie libérale de Rohani est aujourd’hui dans l’impasse : les grands projets qui attendent le renfort de l’investissement étranger sont paralysés et jusque-là aucun pays n’a avancé de crédit à l’exportation ou apporté des financements substantiels. Donc, si Rohani mise principalement dessus, la situation est bloquée, sans parler du fait qu’une politique de privatisation tous azimuts réduit la marge d’intervention de l’Etat pour amortir les coûts sociaux. II y a 10 ans déjà, le guide suprême, l’ayatollah Khamenei, a mis en garde les Iraniens en déclarant qu’« on ne peut plus faire confiance à l’Occident ». Mais l’entourage de Rohani fait montre d’obstination dans le choix des partenaires européens qui pour l’instant ne veulent rien leur vendre, ou leur financer.

La principale alternative est de se tourner vers l’Est. Il faudrait renforcer le partenariat stratégique avec les Chinois, les Russes, et les Turcs, avec lesquels les Iraniens ont des accords mais qui peinent à développer les affaires en travaillant à partir de leurs monnaies nationales respectives.Mais après l’annonce faite par la Chine d’acheter son pétrole en yuan indexé à l’or, on imagin e la fin irrémédiable du système de Bretton Woods. Pékin et Moscou disposent également d’alternatives technologiques illustrées notamment par les 40 millions de comptes Télégram (application russe) ou les radars de mesure balistique. Nous sommes de ce point de vue en train d’assister à un tournant stratégique majeur. Sauf que ça prendra du temps. Pour le moment, ça piétine. La Chine octroie des crédits par le biais de banques commerciales, mais les taux d’intérêts sont élevés. L’Inde a signé un accord pour développer le port de Chabahar, mais le projet reste très limité. Les problèmes risquent de persister. 


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