Commentaire de Luc-Laurent Salvador
sur Le modèle cybernétique dans la théorie mimétique de René Girard
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@Gollum
Je vous ai répondu à l’instant sur le précédent fil « girardien » donc je ne réagis que sur la seconde partie de votre commentaire.
C’est une erreur d’attribuer à Girard l’idée que le désir serait en amont de la mimesis. Peut-être est-ce votre idée ? Quoi qu’il en soit, elle est erronée, pour Girard et pour le désir.
Pour Girard, c’est la mimesis qui est première, c’est elle qui nourrit et porte le désir. Il est donc bien en aval et non en amont.
Dès la fin de son premier livre, il la met en quelque sorte à mort en pointant que la libération de l’Homme passe, justement, par le renoncement, généralement atteint quand les circonstances de la vie (maladie, mort prochaine) aident à mettre de la distance avec l’objet du désir. Don quichotte (et donc Cervantès) reconnaît qu’il était fou quand il était porté par son désir d’imiter Amadis de Gaule. Donc, voyez Girard rejoint les traditions que vous mettez en avant.
Enfin, votre lecture de la révélation christique est réductrice. Bien sûr que Mammon est l’ennemi (d’ailleurs, j’ouvre une parenthèse, avez-vous noté que Mammon Enculera ) mais c’est tout à fait accessoire dans les Evangiles (même si cardinal, je le reconnais dans l’Apocalypse (où nous sommes
).
La révélation évangélique c’est d’abord la violence dont nous sommes capables lorsque nous nous sentons victimes et portés à l’accusation de ceux qui nous font violence ou nous mettent en danger. Donc l’opposé complet de la démonisation des puissances d’argent. C’est la résolution sacrificielle, l’accord de tous contre un « pauvre diable » auquel le Christ fait obstacle en invitant chacun à faire retour sur lui pour se charger de sa propre poutre au lieu de jeter la pierre à celui qui n’a finalement qu’une paille dans l’oeil.
C’est cela qu’il fallait lire chez Girard et pour ma part, je ne trouve rien à y objecter.