Commentaire de Christian Labrune
sur L'axe Washington-Riyad-Tel-Aviv vs. l'axe Moscou-Pékin-Téhéran


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Christian Labrune Christian Labrune 13 mars 2018 00:08

Effectif depuis des décennies à travers le fameux courant néoconservateur, les visées géopolitiques, énergétiques et eschatologiques de ses partisans ne sont pas à prendre la légère ; ou quand le sionisme (judaïsme politique), le wahhabisme (l’islam politique) et le christianisme évangéliste convergent officiellement.
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A l’auteur,
Il est complètement absurde de définir le sionisme comme un « judaisme politique ». Ben Gourion n’avait pas souvent mis les pieds dans une synagogue, et les courants les plus intégristes du judaïsme n’ont jamais été, c’est le moins qu’on puisse dire, des sionistes enthousiastes : voyez ce qui se passe actuellement avec les débats sur le service militaire qui vont peut-être faire éclater l’actuelle coalition.

Le wahhabisme, à l’origine, n’a rien à voir non plus avec « l’islam politique ». La « réforme » obscurantiste de Mohammed ben Abdelwahhab, contemporain de Louis XV et de nos philosophes des lumières, a engendré un courant essentiellement piétiste. Qu’il y ait aujourd’hui, dans le wahhabisme, des groupes jihadistes violents, cela ne fait aucun doute, mais si on veut parler d’un islam « politique », c’est plutôt à la confrérie fondée en Egypte par Hassan al-Banna en 1928 qu’il conviendrait de faire allusion. Plus encore, si on veut expliquer les exactions actuelles de l’islam, aux théories de Sayyid Qutb, que Nasser fit pendre en 1966, et qui avait encore radicalisé, dans le recours à la violence, les théories des Frères musulmans.

Par dessus le marché, Mohammed ben Salman s’est prononcé très explicitement contre le wahhabisme, a fait mettre a l’ombre un certain nombre d’oulémas qui se seraient fortement opposés au type de politique qu’on le voit actuellement mettre en oeuvre. Pas question disait-il, l’été dernier, de mariner encore trente ans dans le wahhabisme. Dans cette triple alliance dont vous parlez, le wahhabisme pèsera donc de moins en moins lourd.

L’axe Etats-Unis - Israël - Arabie paraît assez solide, cimenté par la nécessité de lutter, y compris s’il le faut par la guerre, contre l’Iran.

En revanche, je suis de moins en moins persuadé que l’axe Moscou - Pékin - Téhéran soit aussi solide. L’iran est un faux allié, pour Poutine, dont il a besoin pour avoir des bases en Méditerranée, mais il ne faudrait pas croire qu’il domine ce qui se passe actuellement au Moyen-Orient. Il navigue à vue, et il n’est pas moins inquiet de l’expansion et du fanatisme délirant des Iranies que les Américains et leurs alliés. Ne parlons pas des Européens : il y a longtemps, hélas, que les crétins qui nous gouvernent ont complètement perdu les pédales et vendraient leur pays au diable pour un plat de lentilles.


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