- après avoir rassemblé une grosse bibliothèque sur le sujet, je constate que le milieu psychanalytique francophone semble être le milieu n.1 pour maintenir un flou conceptuel inouï et/ou un discrédit sur l’existence des pervers (perversité morale et non perversion) et sur la fréquence à laquelle on les rencontre... Pourquoi ?

- quand on lit ROUSTANG qui analyse la personnalité de LACAN (son comportement, son caractère, ses stratégies de carrière, sa réthorique, les outils de fascination extrême qu’il entretenait comme un pro, etc.), quand on relit et réécoute MELMAN ou d’autres personnalités parmi les plus charismatiques autour de LACAN, qu’on voit comment et avec qui il a organisé les associations psychas auxquelles il est mêlé, quand on dissèque les bouquins de certains de ses poulains, qui sont aujourd’hui largement lus, célébrés et diffusés dans les milieux psychanalytiques et psychiatriques teintés de psychanalyse, et quand on a l’occasion de fréquenter certains d’entre eux..., on peut en venir à comprendre que les propos qu’ils tiennent dans ces livres (propos qui s’émeuvent de la façon dont notre société devient globalement perverse et de l’épidémie de « pervers ordinaires »... tout ça semble humaniste et bienveillant comme discours) ne les empêchent pas d’être eux-mêmes atteint de cette psychose blanche (perversité narcissique). 

J’ai déjà vu des assemblées de psychanalystes s’enthousiasmer au cours de longues conférences ou entretiens qui multipliaient pourtant les moments de réthorique perverse, bug de pensée et indices alarmant face auxquels personne, pourtant, ne bronchait.

Ceux qui donnent les leçons de morale à leurs semblables, passent pour des âmes bienveillantes et font mine de peindre des tableaux lucides du monde ou d’une notion sont parfois ceux qui ont le plus intérêt à se cacher au coeur du sujet choisi, et à l’embrouiller gentiment.