Commentaire de LeDinoBleu
sur Quand l'austérité parachevait la trahison


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LeDinoBleu LeDinoBleu 10 mai 2018 21:20

@Mmarvinbear
« qu’une sophistication de cette révolution industrielle avant laquelle la notion même de chômage n’existait pas pour commencer

Assez vrai mais à l’époque vous n’aviez pas le choix de votre travail. Fils de paysans, vous alliez sauf miracle gratter la terre comme vos parents. »

Certainement pas : la bourgeoisie de l’époque s’appropriait les communs et mettait les paysans dehors, ceux-là n’ayant plus qu’à aller grossir les rangs des citadins avec lesquels ils n’avaient plus d’autre choix que d’aller travailler à l’usine dans des métiers ne nécessitant aucune formation ni expertise.

« Fin de la période de croissance d’après-guerre et chocs pétroliers, certes, mais aussi mise sur le marché des premiers micro-processeurs qui permettaient de réduire par un facteur de 50 à 100 la taille et les coûts des systèmes électro-mécaniques utilisés jusque-là, et ainsi de les faire entrer plus facilement dans les champs sociaux et économiques, c’est-à-dire d’impacter leur développement.

Non, à cette époque, l’informatique était trop rare et trop peu pratique pour avoir une réelle influence sur la marché de l’emploi. »

Relisez-moi, je parlais de robotisation. Les industriels des pays occidentaux avaient largement les moyens de s’offrir ce genre d’outillage, même si sa généralisation a pris un certain temps – d’ailleurs, il ne vous a pas échappé que le chômage s’est accru progressivement, justement en parallèle du développement des outils électroniques (voyez plus de détails chez Pierre Larrouturou, dans Le Livre noir du libéralisme, Éditions du Rocher, 2007, sauf si vous croyez que lui aussi n’est pas économiste).

« Les vraies raisons de l’envolée du chômage sont d’une part la fin de la période de reconstruction de l’Europe détruite par la seconde guerre mondiale, une démographie qui a porté une masse de population à intégrer le monde du travail à ce moment là et le début des délocalisations vers l’Inde et l’ Asie du sud-est qui ont fait partir en premier lieu les ateliers textiles qui fournissaient une large part des emplois aux travailleurs. »

On est d’accord sur la première partie.

Pour les délocalisations, il fallait une autorisation administrative jusqu’aux années 90 : ce mouvement était donc minime et par conséquent ne peut expliquer tout le chômage d’avant cette période.

« La solution est simple : la décroissance ou le partage du temps de travail – mais vous pouvez préférer l’implosion sociale.

Je ne vois pas en quoi la décroissance, destructrice d’emploi, améliorerait la situation, bien au contraire. »

C’est un problème récurrent avec vous : il y a beaucoup de choses que vous ne voyez pas...

« La vraie façon de lutter contre le chômage, c’est d’améliorer l’éducation et l’enseignement, ainsi que la formation pour permettre aux personnes qui travaillent dans un secteur bouché ou sans avenir de trouver d’autres emplois. »

Dans un marché du travail qui évolue si vite que même les employeurs ignorent ce dont ils auront besoin à un an ou même quelques mois d’intervalle ? Et puis de toutes façons, le temps que les programmes de formation soient bouclés et les formations lancées, elles seront déjà obsolètes...

Ou alors vous croyez que tout le monde a les moyens, intellectuels ou tout simplement personnels, de devenir ingénieur en robotique ou programmeur informatique, et alors même que la jungle du travail pousse à des niveaux de spécialisation et d’expertise toujours plus inhumains ? Ce sont les Bac +5/6 et plus qui ont le moins de mal à trouver un emploi : vous croyez vraiment que l’état va prendre entièrement en charge des études aussi longues pour chaque citoyen ?

Les pays du nord qui utilisent cette solution, d’une part ont un niveau de prélèvements obligatoires très élevé et donc incompatible avec les politiques actuelles, et d’autre part ne font que former les chômeurs à des bullshit jobs sans aucun espoir d’évolution de carrière ni même d’ouverture à un droit à la retraite : comment les livreurs Deliveroo pourront-ils continuer à faire un tel boulot après 50 ans ? S’il existe encore, car ils trouveront bien comment construire des vélo autonomes d’ici là...


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