Commentaire de Ciriaco
sur Duchamp, l'art des petits bourgeois


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Ciriaco Ciriaco 17 juin 2018 20:51

@Paul Leleu
Chez Duchamp, l’art est surréaliste. En ce cas ce que je trouve intéressant à observer est ce dont il témoigne, bien plus que ce qu’il figure, qui d’ailleurs dans cet art n’a pas de place. L’objet non utilitaire et non vital, c’est-à-dire l’objet du non-travail, l’objet du rapport à l’objet seul : en somme l’objet fétichisé, privé de son histoire et sa manufacture ouvrière.

Il est clair que la bourgeoisie connaît le second degré, c’est une classe peu ennuyée - il faut dire que Duchamp n’a rien d’un dénonciateur. Cependant il pose une question, et si je pense qu’il devait lui-même s’en amuser, je la prends en ce qui me concerne plus au sérieux, justement parce qu’elle reflète un changement qui est un rapport à l’utilité d’une part - la vie prolétarienne est remplie d’objets façonnés par utilité, et d’autre part à un certain absurde - la vie bourgeoise en est emplie.

Sur la séparation que vous évoquez, c’est ici que je la situe, dans ce basculement.

Je ne suis pas d’accord avec vous sur ce point précis ; si la bourgeoisie s’empiffre et s’amuse, je suis foncièrement du côté de ceux qui considèrent qu’il faut gagner du terrain sur eux et que le chemin de la culture est en un.

Loin de sous-estimer la culture des bourgeois et des puissants, je peux aussi dire que l’art contemporain est un marché et que le capitaliste y entende quelque chose ou non ne change rien au profit qu’il fera avec - car c’est souvent ce qui l’anime et ce qui crée la valeur même de l’objet, à l’image de ses bouteilles de vin qu’ils enserrent à l’occasion dans des filets d’or, comme une proie gagnée à la chasse.

On peut aussi se moquer d’eux. Prenez ce bon vin chéri cerclé d’or, encagez-le et placez-le en haut des réverbères dans une rue d’un quartier pauvre. Puis sous-titrez : « millésime, la passion du capital ».


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