Commentaire de Ciriaco
sur Privation de monde, privatisation du monde


Voir l'intégralité des commentaires de cet article

Ciriaco Ciriaco 28 juin 2018 00:11

@lephénix

Il est certain que nos sociétés se sont articulées autour du travail, même si ce n’est pas le cas de toutes les sociétés, et donc de tous les possibles. J’aime l’idée du revenu d’existence et son complément, celle du revenu contributif, dans leurs façons très novatrices de poser une question à un problème central, qui plus est dans les conditions actuelles, qui la rendent pertinente.

Sur les détails techniques - qui sont sur cette question fondamentaux, j’approuve le modèle de Stielger et Boutang dans le sens où ils préfèrent le sens plein des revenus d’existence/contributif, plutôt que de se laisser piéger par un revenu de base conforme à la volonté de suppression des allocations sociales en contrepartie d’un ordre social, toujours le même, stabilisé. Il est en effet très tentant de présenter les revenus de base sans en dire plus, pour réduire drastiquement le revenu du travail afin d’augmenter la rentabilité de la production - en somme d’assurer la paix sociale (avec un RB frôlant le seuil de pauvreté et venant en remplacement des aides sociales) en ancrant encore plus l’économie productiviste, l’économie des privilèges asociaux.

La question est donc délicate. C’est celle d’un projet politique majeur, et d’un choix, un peu comme celui de la sécurité sociale et des retraites, qu’Ambroise Croizat et ses amis avaient concrétisé.

La comparaison est instructive ; si la socialisation de l’économie d’un progrès majeur a été réalisé, c’est parce que les conditions politiques le permettaient. Il y a eu un entre-deux favorable, des relations politiques publiques apaisées. Cela a duré 6 mois, le temps de mettre en oeuvre la réforme.

Ce temps où les rapports de force s’expriment peu n’est pas notre temps et le « ni de droite ni de gauche » ne sera qu’une fourberie éhontée de plus. Il faut donc, vous avez raison, qu’il y ait un rapport de force enclenché par la population.

Au-delà des actualités, et sur le fond, c’est le sens du mouvement « France insoumise » ; constituer une conscience politique, mettre en place une institution (6ème république) permettant son expression et son action et favoriser le débat démocratique (réforme des médias officiels) pour que la société dans son ensemble soit capable d’agir selon les problèmes et les idées nouvelles.

Si je vous dis cela, c’est parce que je connais aussi le désespoir et la colère de voir si peu de monde réagir de façon constructive et raisonnée, le désespoir et la colère de voir tant de gens se laisser aller aux extrêmes identitaires (et il n’est pas question que de nation dans mon propos) que produit l’éclatement libéral. Mais n’oublions pas qu’il y a un an, la FI ratait le passage aux commandes à 600 000 voix près. Un mouvement jeune et un renouveau présent.

Aussi je vous encourage à continuer dans ce sens, votre interrogation est utile et salutaire.








Voir ce commentaire dans son contexte