Commentaire de Christian Labrune
sur Israël : vers un apartheid renforcé


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Christian Labrune Christian Labrune 25 juillet 2018 09:35
Ras-le-bol de lire tant de stupidités sur AgoraVox.

L’était juif est juif comme l’état français est français. Jérusalem est sa capitale comme Paris est la capitale de la France.
Tous les Français ne sont pas issus de grands-parents français. Il y a bien des minorités, et elles y ont leur place et leurs membres les mêmes droits que les autres citoyens. Si cela ne leur plaît pas, ils peuvent toujours aller voir ailleurs. La langue officielle de la France, définie par sa constitution, est la langue française, et malgré des flots successifs d’immigration, il n’y a aucune raison pour que cela change : le polonais, l’italien, l’arabe, ne sont pas des langues officielles reconnues par l’administration française.
C’est à peu près la même chose en Israël. A l’époque du mandat britannique, on reconnaissait l’anglais, l’hébreu et l’arabe. Depuis la déclaration d’indépendance de 48, il n’avait jamais été légiféré sur ces questions et les choses étaient restées dans un certain flou artistique : c’est qu’il n’y a pas, comme en France, une constitution, mais des « lois fondamentales », comme en Angleterre, et dans le droit israélien, beaucoup de dispositions sont directement héritées de l’époque du mandat britannique.

Des Israéliens peuvent bien continuer à discuter cette loi qui vient d’être votée, et même des démocrates européens. En revanche, que les députés arabes à la Knesset s’en insurgent, c’est du plus haut comique.

La situation des minorités dans les pays arabes, jusqu’à la fin de la période ottomane aura été celle de ce qu’on appellerait aujourd’hui un apartheid. Les minorités n’y sont tolérées qu’à condition d’être soumises à la dhimmitude. Un dhimmi est un citoyen de seconde zone que tout musulman peut à bon droit mépriser.

Quelle est par exemple la situation des Juifs dans les pays musulmans, non pas durant la période ottomane, mais après 48 ? C’est de plus en plus simple à définir : il n’y aura bientôt plus de Juifs (ni de chrétiens !) dans les pays musulmans. Personne ne peut dire s’il reste un seul juif dans une Algérie judenrein (comme disaient les Allemands). Ils étaient plus de 230 mille au Maroc en 45. Ils sont à peine aujourd’hui plus de trois mille. Cent mille en Tunisie en 48. Aujourd’hui, 1500, qui n’accepteront plus très longtemps de subir un antisémitisme forcené. Dès le début des années 50, les Juifs d’irak sont obligés de faire leurs valises, laissant sur place tout ce qu’ils possèdent. Après 67 en Egypte, il n’ont guère d’autre choix qu’entre la valise et le cercueil. Plus de 900 mille en tout auront dû fuir les pays musulmans, vers Israël, l’Europe et l’Amérique. En France actuellement, l’antisémitisme d’origine musulmane est tel que 50 mille juifs de la banlieue auront dû, lorsqu’ils en avaient les moyens, s’installer dans les 17e et 19e arrondissements de Paris. C’est une sorte d’alya minimale qui précède probablement un départ définitif pour Israël puisque même à Paris les agressions et les meurtres antisémites se multiplient, et que ce qu’ils peuvent lire sur des sites comme AgoraVox leur donne envie de vomir.

Dans le même temps, 250 mille Arabes qui étaient restés en Israël durant la guerre de 48 sont désormais près de 1,8 million. Leur population a donc été multipliée par 7 en soixante-dix ans. Ils se plaignent, il y a bien comme partout des inégalités sociales, mais ils sont citoyens d’israël, peuvent prétendre à tous les emplois s’ils en ont les capacités, et leur sort n’est en rien comparable à celui des Syriens, des Irakiens, des Jordanies, des Egyptiens. Si ça ne leur plaît pas, ils peuvent toujours aller voir ailleurs, mais ils ne seront jamais fous au point de vouloir tenter l’expérience.

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