Commentaire de Christian Labrune
sur Israël : vers un apartheid renforcé


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Christian Labrune Christian Labrune 25 juillet 2018 11:24
Une championne d’échecs interdite de tournoi en Tunisie
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@redneck
J’ai déjà commenté cette nouvelle abominable qui fait suite à bien d’autres du même tonneau ces derniers mois. Je n’ai pas l’habitude d’envoyer plusieurs fois le même message, mais pour gagner du temps je recopie une intervention qui contient aussi des informations utiles sur cette loi que beaucoup commentent à partir du discours de ses détracteurs sans même avoir pris soin d’en prendre connaissance.

Court extrait , en bas de page, d’un article un peu plus documenté que celui, fort peu savant, que vous signalez. Je ne cite que le début de ce deuxième point, qui est beaucoup plus long. Vous confondez, comme beaucoup de gens, la situation existante à l’époque du mandat britannique, et la situation actuelle.

Il n’y a pas plus de constitution en Israël qu’en Angleterre. Seulement des « lois fondamentales ». Cela peut créer quelquefois des vides juridiques, lesquels seront traités au cas par cas, C’est ce qui se passe en ce moment.

On peut discuter de l’opportunité de cette loi qui divise l’opinion alors même que le danger aux frontières appellerait à l’unité, mais Israël, un pays grand comme 3.25 départements français est désormais au huitième rang des puissances mondiales, et il n’y a plus qu’un monde musulman terroriste et arriéré pour contester sa capitale. Les choses, peu à peu, rentrent dans l’ordre, c’est bien légitime et c’est parfaitement nécessaire.

J’apprenais vers deux heures du matin que le Hamas, pressé par l’ONU et par l’Egypte, acceptait un cessez-le feu. Ce n’est pas trop tôt, mais je n’y crois pas trop.

Sur la question de l’apartheid, il y aurait beaucoup à dire. Que penser d’états qui interdisent à des sportifs israéliens de concourir dans des compétitions sur leur sol ? Je voyais hier une petite fille israélienne de sept ou huit ans qui vient d’être déclarée championne d’Europe aux échecs. Elle rêve d’être championne du monde dans la catégorie des jeunes de son âge, mais elle ne le pourra pas : le championnat du monde devant se tenir dans un pays musulman qui lui interdira de concourir. Vous trouvez ça normal ?

Ce que cette crapule d’Adolf Hitler n’avait même pas osé faire aux jeux olympiques de 36 où l’on avait vu courir -et gagner !- Jess Owens, américain noir, des états arabes se le permettent désormais. Les cent mille Juifs qui vivaient en Tunisie en 48 ne sont plus que 1500. Pourquoi sont-ils partis, à votre avis ? Et pourquoi n’y a-t-il plus qu’entre trois et quatre mille Juifs dans votre pays où ils étaient plus de 230 mille en 45 ?

Dans le même temps, la population arabe d’Israël aura été multipliée par 7 ? Pourquoi ? A cause des mauvais traitements, d’un ostracisme, d’un apartheid ? 

Quand Israël adopterait à l’égard des Arabes sur son sol la même politique d’ostracisme que tous les états musulmans sans exception depuis 48, l’Européen que je suis, soucieux des droits de l’homme, serait bien fondé à protester, mais aucun citoyen du Maroc, de l’Algérie, de la Tunisie, de l’Egypte, de l’Irak ou de l’Iran ne pourrait le faire sans paraître odieux. Si on ne veut pas être ridicule, il vaut toujours mieux commencer par balayer devant sa porte.

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http://www.axl.cefan.ulaval.ca/asie/israel-3pol-lng.htm

2 Le statut juridique de l’hébreu et de l’arabe

Le statut des langues fut défini par la Grande-Bretagne avant l’instauration de l’État d’Israël. Dans dans l’Ordonnance en Conseil privé sur la Palestine (1922) (Palestine Order in Council), promulguée le 10 octobre 1922, qui tenait lieu de Constitution, l’article 82 stipulait que l’anglais, l’hébreu et l’arabe seraient les trois langues officielles des actes d’autorité publique, de l’Assemblée législative, de l’administration, des cours de justice, etc. : 

Article 82

Toutes les ordonnances, tous les avis et actes officiels du gouvernement, de même que tous les avis officiels des autorités locales et municipales dans les zones prescrites en vertu d’un décret du Haut Commissaire, doivent être publiés en anglais, en arabe et en hébreu. Les trois langues peuvent être utiliséesdans les débats et les discussions du Conseil législatif et peuvent être assujetties à tout règlement qui, à l’occasion, est adopté par les services gouvernementaux et les tribunaux.

En cas de conflit entre la version anglaise d’une ordonnance, d’un avis officiel ou d’un formulaire officiel et sa version arabe ou hébraïque, la version anglaise prévaudra.

Cet article de l’ordonnance de 1922 a été le seul texte juridique à portée linguistique jusqu’à la création de l’État d’Israël. Jamais le Parlement, la Knesset, n’a adopté de loi définissant le statut de l’hébreu et de l’arabe. La législation israélienne repose donc sur une règle du mandat britannique déclarant trois langues comme co-officielles sur le territoire qu’on appelait alors la « Palestine ». Le statut des langues a continué d’être régi juridiquement par l’ordonnance britannique de 1922, à l’exception d’une modification importante sous la forme d’un article 15b de l’Ordonnance sur le droit et l’administration, n° 1, 5708 (1948), qui stipule ce qui suit :

Article 15

Autres adaptations de la loi

a) La « Palestine », partout où elle apparaît dans la loi, doit dorénavant être lue comme « Israël ».

b) Toute disposition juridique requérant l’usage de la langue anglaise est abrogée.

C’était une façon pour les Juifs de s’affranchir de la prépondérance de l’anglais, sans l’interdire. Aux yeux des dirigeants politiques de 1948, seul l’hébreu se trouvait digne d’être la langue nationale de tous les Juifs, tout particulièrement dans la fondation d’un État national sur le territoire même où cette tradition linguistique plusieurs fois millénaire était d’abord apparue. En même temps, de nouvelles migrations issues des pays arabes renforcèrent l’idée que le yiddish ne pouvait être une langue fédératrice pour les Juifs de souche sépharade ou orientale et il apparaissait prématurée d’éliminer l’arabe parlé par une bonne partie de la population musulmane. Cette période de ressentiment envers l’anglais était perçue comme une réminiscence du Mandat britannique peut aussi s’expliquer par le fait qu’Il fallait défense l’hébreu en réduisant la concurrence d’une langue trop forte.



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