Commentaire de Christian Labrune
sur VIDÉOS : Booba et Kaaris, « artistes » du XXIe siècle, foutent le dawa à Orly


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Christian Labrune Christian Labrune 3 août 2018 10:24

@Paul Leleu


Marcel Duchamp était trop intelligent pour se prendre au sérieux. Il était paresseux, préférait les agréments d’une vie facile à son art, et il avait trouvé le moyen, tout en mystifiant les crétins qui, eux, le prenaient au sérieux, de se faire une réputation. Il n’y a rien à voir entre les bricolages ironique de Duchamp et les insanités d’un mouvement comme Supports-Surfaces, une quinzaine d’années après sa mort, qui imitent servilement sa démarche sans en percevoir l’ironie et sans la moindre distance critique. L’’urinoir devenu « fontaine » par la grâce de la monstration muséale, c’étaiit une énorme plaisanterie, mais il se sera trouvé quantité d’imbéciles pour contempler la chose fort sérieusement et presque religieusement, essayant d’en dégager le « sens ». Je me souviens de longs textes d’un comique très involontaire dans les galeries du 5e arrondissement, qui présentaient des « expositions » où l’on pouvait voir, par exemple, une poutre vermoulue et noircie de quatre ou cinq mètres, posée à même le sol, non loin de quelques mètres de cordages ou de détritus artistement disposés. Pour « comprendre », il fallait lire ces textes abscons, et les imbéciles qui entraient là se sentaient évidemment très mortifiés de n’avoir pas compris immédiatement par eux-mêmes. Or, il n’y avait rien à comprendre, et ils ne le savaient pas.

En revanche, je ne comprends pas pourquoi vous associez Baudelaire (vous ou votre interlocuteur, je ne sais plus) à ces dérives ridicules. Baudelaire, bien qu’il ait soutenu la modernité dans l’art (Constantin Guys par exemple), savait où cela risquait de conduire, et on le voit bien lorsqu’il écrit à Manet qu’il admirait, qu’il était « le premier dans la décrépitude de son art ». L’esthétique paradoxale de Baudelaire ne l’empêche nullement d’être un poète parfaitement classique, d’une aussi grande rigueur qu’un Racine. Vous ne trouverez chez lui aucune de ces facilités inconsistantes qui farcissent les productions d’un Victor Hugo.

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