Commentaire de Paul Leleu
sur VIDÉOS : Booba et Kaaris, « artistes » du XXIe siècle, foutent le dawa à Orly


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Paul Leleu 4 août 2018 18:01

@Christian Labrune


Baudelaire a effectivement proposé une rigueur classique dans son art (au contraire des facilités d’un Hugo). C’est vrai. Et il aurait mieux fait de s’en tenir là, à la sagesse classique ; et à l’approfondir ! (car on pourrait discuter de la facture sommes toutes rigide de sa versification). 

Mais c’est surtout dans les thématiques, que Baudelaire a introduit dans notre poésie un genre de nihilisme petit-bourgeois, narcissique et mou qui n’était pas nécessaire. Et c’est ce narcissisme, et non la facture classique de ses vers, qui fait son succès chez des générations de français de la classe moyenne. C’est là que le bât blesse. 

Ce quelque chose de hâve dans la poésie baudelérienne, qui plaît tant, mais qui n’est que le pire penchant de son oeuvre. La dépression baudelérienne tient plus au manque d’audace qu’à la dureté du destin humain. C’est là le hic. Quel que soit son talent personnel par ailleurs, Baudelaire a permis au moindre médiocre d’accuser la vie de sa propre médiocrité (je ne sais pas si vous me suivez). Il me semble que la plupart des gens cherchent chez Baudelaire une excuse à leur manque d’imagination, de générosité et d’audace : ils veulent accuser « la vie » de leurs propres insuffisances. 

La vie est certes dure, mais sa dureté d’excuse pas nos propres médiocrités. Je reproche à Baudelaire un manque de stoïcisme, ou quelque chose comme cela. 

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