Commentaire de Christian Labrune
sur Une terre sans peuple pour un peuple sans terre ?
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@Garibaldi2
S’il y a quelqu’un qui « se prend les pieds dans le tapis », c’est bien vous. Les Juifs d’Israël n’auraient jamais été les ennemis de personne s’ils n’avaient retrouvé en Palestine le même antisémitisme qui les avait induits à fuir l’Europe. Les intellectuels et les décideurs égyptiens, dans les années qui ont suivi la déclaration Balfour, étaient cependant très favorables au projet sioniste. Ils voyaient très bien, comme tous les voyageurs qui avaient visité plusieurs fois la Palestine à quelques années de distance, que cette région déshéritée d’un empire ottoman en pleine décomposition, était en train de connaître, du fait de l’arrivée des sionistes, un véritable décollage économique.
Les choses ont commencé à se dégrader surtout à partir des années 20. Le mufti de Jérusalem meurt en 21 et les Anglais font la sottise d’imposer son demi-frère Mohammed Amin al-Husseini, qui déteste les Anglais autant que les Juifs. Il s’emploiera à radicaliser les populations arabes. En 29, année du pogrom d’Hébron, apparaissent en Egypte les Frères musulmans de Hassan al-Banna, très activement soutenus dès le milieu des années 30 par une Allemagne nazie que rejoindra l’abominable mufti. Il y pressera son copain Heinrich Himmler d’obtenir d’Hitler qu’on fasse transporter en Palestine le dispositif technique de la solution finale et il créera dans les Balkans, à la fin de la guerre, la 13e division de la Waffen SS.
Le lendemain de la déclaration d’indépendance lue par Ben Gourion le 14 mai 48, les « Palestiniens » auraient pu proclamer eux aussi la naissance d’un état, déjà prévu par une recommandation de l’ONU de novembre 47, mais il aurait alors fallu partager le territoire. Les armées de cinq états arabes dont l’Egypte n’auraient aucun mal à massacrer ou foutre à la mer les Juifs, et proclamer un état arabe palestiniens de la Méditerranée au Jourdain. La guerre commence dès le lendemain de la renaissance d’Israël. On sait ce qui résulta de ce beau programme, et si quelque chose mérite d’être appelé nakba, c’est bien la décision qui fut prise d’éliminer Israël. Quand on se propose d’organiser un génocide et qu’on se fait ratatiner en quatrième vitesse par ceux qu’on voulait exterminer, si on trouve bon de s’en plaindre ensuite, c’est qu’on est vraiment particulièrement pervers et con.
L’objectif d’Israël, pas plus en 48 que vingt ans plus tard, n’a jamais été de s’emparer de l’Egypte ! Les guerres furent toujours des guerre de défense. Le Sinaï occupé pour des raisons stratégiques ne tarda pas à être restitué, et même la bande de Gaza qui avait dépendu de l’Egypte jusqu’à la guerre des six jours. Aujourd’hui, ironie de l’histoire, c’est Israël, par ses services de renseignement et par son aviation, qui aide l’Egypte à contrôler le Sinaï : on compte ces derniers mois plus de cent raids de l’aviation israélienne, en parfait accord avec les Egyptiens, contre les bases jihadistes dans cette région qui menacent aussi bien le régime d’Al-Sissi que les intérêts israéliens du côté d’Eilat.