Commentaire de Alren
sur Enseignement. Blanquer réussira-t-il à faire « bouger le mammouth » ?


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Alren Alren 16 octobre 2018 17:40

@cric

Autrefois, comme vous dites, il y avait au grand maximum un cancre par classe...

Mais non !!! Il y avait comme maintenant une courbe de Gauss pour le niveau des élèves. Sans compter que beaucoup de parents des classes populaires ne voyaient pas l’intérêt des études et se désintéressaient des résultats scolaires de leurs enfants, attendant qu’ils aient l’âge pour quitter l’école, apprendre sur le tas un métier d’ouvrier ... et ramènent une paie à la maison !

Souvent dans les campagnes où vivaient 30% de la population en 1939, beaucoup devenaient ouvriers agricoles. Activité pour laquelle aucune capacité intellectuelle était requise ...

Autrefois,tout le monde savait lire, compter, écrire correctement en quittant l’école primaire...

Absolument pas ! C’est une pure légende !

Il faut dire que, dans les campagnes en particulier, du fait de l’absence de transport scolaire et de la non-mixité des écoles, les instituteurs devaient gérer des classes uniques comprenant des enfants de 5 ans à 12 ans (puis 14 après la Libération et l’application du programme de la Résistance) et comprenant jusqu’à quarante élèves (oui, bien qu’exceptionnel ce chiffre à été atteint après le "baby boom" d’après guerre).

Il aurait fallu un cours particulier pour la SE, le CP, le CE1, le CE, le CM1, le CM2, les FE (fin d’études), avec dans chaque division des élèves de niveau différent. On imagine bien que c’était mission impossible. et souvent les grandes filles de FE s’occupaient - avec ravissement- des SE et des CP, pour ces derniers en les faisant lire individuellement.

Naturellement, cet abandon des élèves n’avaient pas lieu dans les classes de lycées urbains et bourgeois où les enfants entraient en onzième, équivalent du CP, et sortaient après la terminale ... s’ils n’avaient pas été exclus en route.

Autrefois, le simple brevet et souvent même le simple certificat d’étude primaire était d’un niveau supérieur au bac actuel (en connaissance et culture générale) ...

Au CEPE, les problèmes d’arithmétique « réalistes » étaient complexes à résoudre d’autant plus qu’on n’avait pas recours à l’algèbre élémentaire.

Comme ils ne figurent plus au programme actuel autrement plus vaste pour les élèves de quatrième et de troisième actuels, ces énoncés alambiqués de marchands de pommes de terre les désarçonnent.

Mais eux sont capables de résoudre des problèmes d’algèbre et de géométrie qui auraient fait sécher les élèves du même âge des écoles primaires d’autrefois.

Sur le niveau de culture générale, vous êtes aussi victime de la "rosification du passé"

On imagine bien que des élèves quittant l’école à douze ou même quatorze ans ne pouvaient pas avoir le même niveau de culture classique que les élèves d’aujourd’hui qui ont des professeurs spécialisés en français, en histoire-géographie, en sciences qui les instruisent jusqu’à dix-huit ou dix-neufs ans !

Savoir le noms des départements, les préfectures et les sous-préfectures, le noms des fleuves et de leurs affluents, fondamental autrefois ne sont pas d’un grand intérêt pour qui sait lire une carte ... sur son smartphone !

Les élèves qui réussissaient le brevet d’autrefois faisaient déjà partie d’une élite ayant eu accès au vu de leurs résultats à l’enseignement secondaire. ce qui suppose aussi un milieu familial ayant conscience de l’importance des études pour devenir employé « peinard » et non ouvrier à la dure peine

Autrefois, tous les enseignants corrigeaient les devoirs, et vérifiaient les cahiers de leurs élèves...

C’est encore faux  !!! J’ai la chance de disposer de la feuille d’un cahier d’élève datant de 1883 qui a été conservée ... pour y faire des comptes bien plus tard.

Le garçon qui tenait ce cahier a été premier du canton au certificat d’études l’année suivante, ce qui n’était pas donné à tout le monde. Eh bien, cette feuille de cahier est émaillée de fautes d’orthographe (y compris en copiant la leçon de morale) ... qui n’ont pas été corrigée par le maître !

Je regrette beaucoup de ne pas pouvoir vous en envoyer une télécopie ...


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