Commentaire de Laurent Simon
sur Ariane, aidé par les 'souverainismes' ? Non, bien au contraire ! (2)


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Laurent Simon 24 mai 2019 18:40

Des éléments d’information très intéressants, dans cet article de Jean Yves Le Gall, CNES

https://www.liberation.fr/debats/2019/05/21/pour-les-europeennes-prenons-de-l-altitude_1728561

Dont par exemple : "Le spatial, c’est d’abord l’Europe des réalisations concrètes au service du citoyen. Alors que le premier âge spatial était marqué par des considérations stratégiques et de prestige, on pense évidemment au choc Spoutnik et à la course à la Lune entre les Etats-Unis et l’Union soviétique, l’Europe a très tôt été la pionnière de l’espace utile. Les deux programmes phares de l’Union Européenne, Galileo pour la navigation par satellites et Copernicus pour l’observation de la Terre, permettent la fourniture de services quotidiens pour des centaines de millions d’utilisateurs européens.

  • Trouver son chemin dans les dédales des rues de Rome,
  • anticiper les conséquences d’une crue du Danube,
  • détecter une marée noire en mer Egée
  • ou permettre une sylviculture durable en Finlande,

autant d’activités qui seraient impossibles sans les satellites européens.

..

C’est en Europe qu’est né le concept du spatial commercial dans les années 80, en créant un marché des services de lancement de satellites avec Arianespace et un marché de l’imagerie satellitaire avec Spot Image

...

Ces réalisations tangibles ... ont nécessité une ambition politique commune et un cadre institutionnel adapté pour voir le jour. De prime abord, le paysage institutionnel du spatial européen paraît aussi déstructuré que la face cachée de la Lune. Comment associer dans un même projet politique des Etats européens aux ambitions et aux stratégies spatiales très différentes, une organisation intergouvernementale, l’Agence spatiale européenne et l’Union Européenne dans toute sa complexité institutionnelle ?

...On touche là au cœur de ce qui constitue l’identité européenne : la construction patiente, minutieuse, parfois conflictuelle, d’un consensus. Ce processus, loin de conduire à une dilution des ambitions, est au contraire le garant de la solidité des engagements européens, puisqu’il prend en compte tous les intérêts exprimés. C’est exactement de cette façon que s’est construite l’Europe spatiale, jusqu’à en faire aujourd’hui la seconde puissance spatiale au monde derrière les Etats-Unis.

Il a d’abord fallu trouver un cadre politique permettant à l’Union européenne et à l’Agence spatiale européenne, deux institutions très différentes dans leurs règles de fonctionnement, leurs objectifs et leurs compositions, de travailler main dans la main. De la signature d’un accord-cadre en 2004 à l’adoption d’une stratégie spatiale européenne en 2016, en passant par la mise en place d’une compétence partagée entre l’Union et ses Etats membres dans le traité de Lisbonne, le chemin a été long et tortueux....

La réussite des programmes Galileo et Copernicus n’était pas acquise il y a dix ans, tant les controverses politiques étaient vives quant à la nécessité même de doter l’Union d’un programme spatial. L’idée a pourtant fait son chemin, pas à pas, et l’Union propose aujourd’hui un programme spatial de 16 milliards d’euros pour la période 2021-2027, en augmentation de près de 50% par rapport à la période précédente, afin de pérenniser les efforts initiaux.

Loin d’être un processus bureaucratique stérile, cette approche a progressivement permis de dessiner les contours d’une identité politique européenne dans le spatial. Ses piliers en sont

  • l’autonomie stratégique, qui permet d’accéder à l’espace et d’en tirer les bénéfices sociaux et économiques ;
  • l’engagement pour l’environnement et le climat, notamment au travers du programme Copernicus qui est unique au monde ;
  • la volonté permanente d’innover, grâce à un effort important de recherche et développement.

Tous ces thèmes font largement écho aux défis politiques plus larges auxquels doit faire face l’Europe."


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