Commentaire de Agafia
sur Le Cosaque de l'Amour


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Agafia Agafia 18 août 2019 08:42

@popov

Bonjour Popov


Je suis démasquée ^^


Mes arrière-grands parents ont quitté la Russie en 1921, quand tout était perdu... Question de vie ou de mort. Mon arrière-grand père Gavriil était l’un de ces authentiques et turbulents Cosaques qui aura combattu jusqu’à la dernière extrémité. S’il n’avait eu la charge de 12 enfants (hé oui !! et deux autres naîtront en France...) je pense qu’il se serait battu jusqu’à son dernier souffle. Il a toujours regretté de n’être pas mort au combat...

Quitter la Russie et abandonner son cheval, a été pour lui un véritable arrachement et il ne s’en remettra jamais. Il va traîner jusqu’à sa mort une foutue dépression qu’il noyait dans l’alcool, le jeu, et les discussions sans fin avec d’autres exilés russes. Ce n’était pas un mauvais bougre mon aïeul, il était seulement malheureux. Il espérait dans un hypothétique retour. Son pays lui manquait.

Pendant quelques temps, il a fait partie de cette troupe de Cosaques qui donnaient des spectacles de Djiguitovka... Il existe quelques films sur You tube de leurs exhibitions... Mais il a vite laissé tomber car pour lui la Djiguitovka était un art de guerre et pas un spectacle de cirque...

A Paris, il a fréquenté Nestor Makhno qui crevait de faim dans des taudis et devait bosser à l’usine malgré de graves séquelles dues à ses blessures, et Gavriil l’a aidé dans la mesure de ses moyens. Il avait une certaine admiration pour Makhno et comprenait plus son combat que celui des bolchéviques...

J’aurais adoré le connaître mon aïeul... J’ai une photo de lui à cheval, prise durant la première guerre mondiale, il est magnifique...

Quant à l’arrière-grand mère, c’était un roc... Elle a tout pris en charge et tout fait pour que ses enfants puissent s’intégrer en France. Elle a commencé par franciser leurs prénoms et elle s’est décarcassée pour leur offrir une vie correcte. Elle a aussi élevé sa petite fille, ma mère... Contrairement à son homme, elle a vite compris qu’il n’y aurait probablement aucun retour vers la Russie et elle en a pris son parti. Elle n’a pas toujours eu la vie facile avec ses quatorze gamins mais elle était admirable de courage.

Eux,ils ont sauvé leur peau. Mais d’autres membres de la famille, des frères de Gavriil, n’ont pas eu cette chance et traqués par la Tcheka, ont fini aux Solovki, le premier camp, prélude à ceux du Goulag, ou fusillés... Disparus...



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