Commentaire de Benoît Delol
sur Clément Viktorovitch vs Julie Graziani : la pensée en berne


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Benoît Delol Benoît Delol 12 novembre 2019 12:26

@Gilles Mérivac


Avant de vous répondre précisément, je souhaiterais vous remerciez pour la qualité de rédaction de vos messages et le suivi de notre échange. Je formule simplement le souhait que, notre conversation se prolongeant en raison de points de désaccord, nous n’en arrivions pas à des propos désagréables sur nos capacités intellectuelles réciproques, qui seraient supposées nous empêcher de nous comprendre.

 

Vous exprimez votre soutien au point de vue développé par Julie Graziani au cours de l’émission de LCI sur la nécessaire responsabilité individuelle des Français, dans un contexte économique plus que délicat amenant à penser qu’en pratique (comme en principe), l’État ne peut pas tout (et ne le doit pas).

C’est une position qui me paraît raisonnable, et qui mérite d’être exposée aussi bien sur Agoravox que sur le plateau d’une chaîne de télévision nationale, quitte à être opposée à des opinions contradictoires.

 

Ceci étant précisé :

 

1) Mon article n’est pas consacré aux propos de Julie Graziani mais à l’analyse qu’en a faite Clément Viktorovitch. Vous n’y trouverez donc pas de développements sur le thème de la responsabilité individuelle. Ce pourrait être un bon sujet, mais pour un autre article. Vous noterez cependant que j’adresse au chroniqueur de Canal+ le reproche d’avoir évacué ce thème, pour se consacrer à la révélation d’une « machination ».

 

2) Dans mes commentaires sous les vôtres, je ne m’exprime pas d’une façon générale sur les propos de Graziani, ce qui ne permets pas de conclure que « je m’en prends » à elle. Mais vous m’invitez à exprimer ma position :

- je partage le point de vue qui consiste à réattribuer aux individus la responsabilité qui doit être la leur (toute la difficulté me semblant résider, en pratique, dans le choix de l’emplacement du curseur) ;

- je suis conscient que c’est une opinion difficilement audible par nombre de Français ;

- mais Graziani a rendu un très mauvais service à ce point de vue en s’exprimant comme elle l’a fait.

 

Les propos de l’éditorialiste concernant la mère de famille rouennaise méritent la critique car ils sont à la fois hasardeux, sentencieux et brutaux. D’abord, comme elle l’a pourtant relevé, nous ignorons tout de la situation de cette personne. Est-elle seule après avoir quitté un mari violent ? A-t-elle accepté un travail rémunéré au minimum légal après le dépôt de bilan de sa précédente entreprise ? Ensuite, dans l’interprétation de l’éditorialiste, les difficultés de cette femme résultent uniquement de ses mauvais choix, dictés, on le suppose, par sa paresse ou sa bêtise. Enfin, ces propos sont tenus par une professionnelle sur le plateau d’une chaîne nationale au sujet d’une personne ordinaire dans l’incapacité d’y répondre.

 

Si un « travail de sape » a été réalisé dans cette affaire, il se trouve là. Graziani ne s’est pas révélé être, ce jour-là, dans cette émission, le bon messager, le bon avocat pour une situation, une cause, qui méritent d’être exposée et défendue.


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