Commentaire de Vivre est un village
sur L'absurdité des raisonnements économiques


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Vivre est un village Vivre est un village 7 mars 2020 13:32

@Vivre est un village

La « Déconnomie » en chantant nous ouvre la barrière et guide nos pas...
Alors, par exemple, quand Emmanuel Macron - jeune banquier * à peine promu ministre de l’Économie - déclare "l’autre politique est un mirage** ", on aurait tort d’imaginer un coup de billard intellectuel à trois bandes, une manipulation minutieusement calculée pour décourager la critique.

http://www.seuil.com/ouvrage/la-deconnomie-jacques-genereux/9782021241198

Page 179 à 181

Le problème, c’est qu’il n’y a pas de solution ! (extrait)

Alors, par exemple, quand Emmanuel Macron - jeune banquier * à peine promu ministre de l’Économie - déclare "l’autre politique est un mirage** ", on aurait tort d’imaginer un coup de billard intellectuel à trois bandes, une manipulation minutieusement calculée pour décourager la critique. Non, c’est juste un cri du cœur, l’expression naïve et sincère d’une conviction apprise sur les bancs de l’ENA https://fr.wikipedia.org/wiki/%C3%89cole_nationale_d’administration_%28France%29. Il n’éprouve pas le besoin d’expliciter les raisons pour lesquelles l’« autre politique » (une autre politique que la baisse des « charges »( en fait cotisations) sociales et la rigueur budgétaire) serait inefficace ou nuisible. Il se contente de déclarer qu’elle est « illusoire », face à un journaliste qui ne songe pas une seconde à lui demander pourquoi. C’est que l’un et l’autre s’appuient, non sans raison (mais à tort), sur ce qu’ils perçoivent comme le sens commun.

Cette incapacité à simplement entrevoir l’étendue des choix possibles manifeste toujours le blocage de la pensée dans un cadre inamovible. Si l’on prend comme données, comme des faits de nature, le libre-échange, la libre circulation des capitaux, la libre spéculation financière, en un mot tout ce qui institue les pleins pouvoirs pour les gestionnaires de l’argent, il s’ensuit de façon tautologique que les marges de manœuvre d’une quelconque politique économique ou sociale se réduisent comme peau de chagrin. Les gouvernements ne font plus ce qu’ils veulent, mais ce qu’ils peuvent, c’est à dire pas grand-chose.

Telle est la façon indigente de penser qui sous-tend le discours de nos élites contaminées par la culture de guerre de la guerre économique. C’est la pensée d’un poisson rouge, qui ne songe évidement pas aux marges de manœuvre qu’il gagnerait en changeant de bocal !

Comment a-t-on pu, trente années durant, gober un discours effaçant le fait qu’à la différence des poissons rouges, c’est nous-mêmes qui avons fabriqué le bocal ?

Si vous doutez encore qu’il joue là autre chose que l’effet de complot cynique des riches, quelque chose qui aurait autant, si ce n’est davantage à voir avec une léthargie contagieuse de l’esprit, voire une épidémie de bêtise, je vous invite à lire l’extrait d’un rapport élaboré au sein d’un aréopage réunissant trente-deux personnalités de tus horizons « choisis en fonction de leur compétence ».

En 2009, le Conseil d’analyse de la société *** présente un rapport de réflexion sur la crise économique rédigé par Luc Ferry https://fr.wikipedia.org/wiki/Luc_Ferry, l’un de nos plus influents philosophes. L’auteur commence par décrire le processus de compétition généralisé à l’échelle planétaire, pis écrit ceci "Les mêmes causes entraînent une perte de contrôle des politiques sur un cours du monde qui leur échappe manifestement de plus en plus. Au reste, si tel n’était pas le cas, il serait incompréhensible qu’il y ait encore du chômage, de la récession, de la dette, des déficits, etc. Si la politique avait gardé son emprise sur l’histoire, tous ces problèmes seraient réglés depuis longtemps, ou en voie de l ’être ****."

Vous avez bien lu ! Je sais, c’est à peine croyable, mais il est bien écrit que les femmes et les hommes qui nous gouvernent ne sont pour rien dans les fléaux qui, par malchance, accablent les plus pauvres et épargnent les plus riches ; Vous en doutiez ? Mais voyons, c’est évident, estime le philosophe ; Car il n’est jamais arrivé dans l’histoire, et il n’est même pas concevable que les politiques se préoccupent d’intérêts particuliers (à commencer par le leur) que du bine commun. On ne saurait davantage imaginer que nos parfaites démocraties puissent mener quelques incompétents au sommet de L’État. Les abbés Pierre et les mères Teresa qui nous gouvernent, sages parmi les sages, pauvres parmi les pauvres, auraient tant voulu faire quelque chose pour nous, mais il ne peuvent rein faire ! Le problème, c’est qu’il n’y a pas de solution !

Voilà l’évidence qui autorise Luc Ferry à énoncer en substance ce théorème consternant : si un problème économique persiste, c’est forcément qu’on y eut rien ! Le chômage, la récession, la dette, les déficits sont des châtiments du ciel, un cil où, sans doute, quelques dieux jaloux ont décidé de reprendre aux princes tous leurs pouvoirs. Sinon, « tous ces problèmes seraient réglés depuis longtemps » !

Ce serait faire insulte au lecteur que d’insister davantage sur la nature insensée de tels propos.

En pleine crise, des millions de simples citoyens, eux, ont pris conscience que jamais l’histoire n’a autant été sous l’emprise funeste des politiques.

Ils ont compris qu’ils subissaient un cataclysme méthodiquement préparé par tous les dirigeants qui ont laissé prospérer la spéculation et qui s’acharnent encore et toujours à sauver les spéculateurs et le système qui va avec.

Le cadre oublié a refait surface ; il a pulvérisé le bocal qui enfermait bien les consciences. Mais le Conseil d’"analyse de la société", lui, n’a rien vu ! Selon lui, les malheureux gouvernements, victimes d’une histoire qui les dépasse, sont enfermés dans leur bocal. Mais par qui ? Qui a construit le cadre systémique qui contraint leur action ? Qui a autorisé la finance foldingue qui provoque des crises à répétition depuis trente ans ? Qui a décidé que les Européens s’adonneraient entre eux au dumping social et à la concurrence fiscale plutôt qu’à la coopération solidaire ? Qui a transformé la dette des spéculateurs défaillants en dettes des contribuables ?

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Suite au prochain numéro

 


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