Commentaire de Daniel PIGNARD
sur Le « séparatisme » n'est pas une nouveauté en France. Une méthode a déjà été éprouvée pour l'éviter avec les juifs au XIXe siècle
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@sophie
Voici les réponses à Napoléon :
« EN CONSÉQUENCE, DÉCLARONS :
« Que la loi divine, ce précieux héritage de nos ancêtres, contient des dispositions religieuses et des dispositions politiques ;
« Que les dispositions religieuses sont, par leur nature, absolues et indépendantes des circonstances et des temps ;
« Qu’il n’en est pas de même des dispositions politiques, c’est-à-dire de celles qui constituent le Gouvernement, et qui étaient destinées à régir le peuple d’Israël dans la Palestine lorsqu’il avait ses rois, ses pontifes et ses magistrats ;
« Que ces dispositions politiques ne sauraient être applicables depuis qu’il ne forme plus un corps de nation (77)... »
Sauf le ton un peu emphatique du préambule, c’est la répétition, mot à mot, de la leçon faite, la veille, par M. de Champagny d’après les instructions secrètes de l’Empereur, et scrupuleusement retenue par les 71.
La stratégie de l’Empereur a réussi, les juifs ont capitulé sur leur propre territoire, la Bible est scindée : le reste sera accordé à peu près sans résistance.
IV Un auteur a dit, avec une pointe d’ironie : « Les députés israélites savaient dans quel sens ils devaient répondre pour être agréables, et, comme c’étaient en grande majorité des hommes très distingués et élevés bien au-dessus des préjugés vulgaires, i1 est permis de penser que
leurs réponses, conformes aux désirs de Napoléon, étaient conformes aussi à leur conviction personnelle (78). » Les questions proposées étaient donc au nombre de douze. Nous ne reproduirons pas, de
crainte de fatiguer le lecteur, les longues dissertations qui sortirent de l’Assemblée des Notables : il suffira d’énumérer le précis des réponses pour constater que chaque notable avait bien retenu la leçon faite en particulier, et qu’aux reluisants Il faut, consignés dans les instructions secrètes à M. de Champagny, correspondaient, dans les rangs de l’Assemblée, des amen alignés et sonores comme des armes qu’on présente à un chef militaire !
L’Assemblée décida. comme conformes à la Loi française : La monogamie ; La validité du divorce uniquement avec le consentement des tribunaux du pays ; La faculté de contracter mariage avec les chrétiens : Les Français sont les frères des juifs français ; Il n’existe pas de différence dans la manière de traiter des coreligionnaires ou des
compatriotes chrétiens ; La France est notre patrie ; Le mode d’élection des rabbins n’est pas déterminé ; Leur influence est fondée sur l’usage ; Ils ne jouissent d’aucune autorité ; Nulle profession n’est interdite ; L’usure est contraire à la Loi mosaïque ; elle est honteuse.
Dans cette adhésion ponctuelle aux vues de l’Empereur, il y eut cependant une réserve, presqu’une résistance, qui fait honneur au sang d’Abraham : ce fut sur la question des mariages mixtes. Napoléon avait dit dans ses notes écrites à M. de Champagny : Il faut que des juifs ou juives puissent épouser des Français ou Françaises. Il faut même que les grands rabbins recommandent ces unions comme moyen de protection et de convenance pour le peuple juif (79). Or, quand vint, dans l’Assemblée des Notables, l’examen de cette troisième question, une irritation très vive s’empara d’un grand nombre de membres, surtout des rabbins, aux yeux desquels le cours du sang d’Abraham allait devenir trouble, comme un fleuve qui reçoit des affluents. Les rabbins voulaient donner, seuls, la décision, à l’exclusion des laïques, parce que « de même que lorsqu’il s’agit de décider de points astronomiques, on s’adresse uniquement à des astronomes, de même on doit laisser aux théologiens tout ce qui a trait à la Religion (80) » ; et les rabbins allemands en particulier exigeaient que la décision fût d’une rigueur inexorable « parce qu’ils ressentaient de grandes inquiétudes de conscience sur cette question qui visait le judaïsme au cœur (81) ». On ne pouvait cependant dire carrément non au terrible César. On répondit : « Que la loi religieuse ne prohibait absolument le mariage qu’avec les sept nations chananéennes, Amon et Moab (dans le passé), et les idolâtres (dans le présent) ; que les nations modernes ne sont pas idolâtres, puisqu’elles adorent un Dieu unique ; que plusieurs mariages mixtes s’étaient accomplis, à différentes époques, entre les juifs et les chrétiens en France, en Espagne et en Allemagne ; mais que les rabbins ne seraient pas plus disposés à bénir le mariage d’une chrétienne avec un juif, ou d’une juive avec un chrétien, que les prêtres catholiques ne consentiraient à bénir de pareilles unions (82). »
La réponse ne manquait pas d’habileté.
L’Empereur, satisfait des réponses sur tout le reste, ne se montra nullement mécontent de l’échec sur les mariages mixtes : il se flattait de le réparer auprès du grand Sanhédrin.
Napoléon et les Israélites : https://livres-mystiques.com/partieTEXTES/Lemann/Preponderance/Napoleon.htm