Commentaire de Fanny
sur Les options de Vladimir Poutine


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Fanny 1er février 2021 18:43

L’auteur propose-t-il une analyse politique, ou simplement un résumé des a priori occidentaux ? Il y a un peu des deux.

Considérer les empoisonnements des Skripal (que sont-ils devenus ?) et de Navalny comme les performances d’équipes de tueurs « bras cassés » commandités par Poutine, c’est se faire le rédacteur d’un « Reader’s Digest » des années 50 version 2021. C’est un choix, mais ça ne relève pas de l’analyse.

Ce style « Reader’s Digest » s’affirme d’ailleurs quand l’auteur explique que Poutine a tenté de tuer Navalny parce que des Biélorusses ont manifesté l’été dernier. L’auteur se prétend « ingénieur » : on peut le regretter car là, il fait honte à une profession qui a plutôt une bonne image en France, et c’est assez justifié.

Il est vrai que les relations Occident/Russie de 2021 sont aussi mauvaises que celles entre les USA et Staline dans les années 50, ce qui prédispose à un journalisme style « Reader’s Digest ». Ce niveau de rivalité et de détestations, réelles ou surjouées, est d’ailleurs assez curieux, Staline et Poutine ne relevant pas de la même idéologie. Nos « journalistes » se gardent bien d’analyser les causes de ce niveau élevé de rivalité, mis à part Zemmour qui y voit une conséquence du maintien du contrôle politico/militaire de l’Europe par les USA. Ce contrôle suppose, et c’est vital pour les USA, de tenir la Russie à distance de l’Europe en tant qu’ennemi, d’où la décision des USA de qualifier la Russie « d’ennemi N°1 » des USA, alors que dans la réalité, c’est évidemment la Chine qui objectivement tient ce rôle avec la tension militaire autour de Taïwan et les enjeux économiques Chine/USA.

Plus intéressant est le relevé par l’auteur des déclarations de Poutine à Davos, et la tentative de décryptage de ses propos. Poutine annonce une montée des tensions Occident/Russie, ce qui est probable avec le retour des Démocrates au pouvoir aux USA et les tensions mondiales liées au Covid 19. Le relevé des déclarations de la patronne de RT est judicieux. Cela annonce-t-il un changement de position de Poutine qui jusqu’à présent avait exclu la reconnaissance du Donbass comme entité indépendante de l’Ukraine ou son annexion à la Russie ?

L’annexion par la Russie paraît exclue, contrairement à ce que prétend l’auteur de l’article, mais la reconnaissance par la Russie du Donbass-Lougansk comme entité indépendante, sur le modèle des provinces géorgiennes devenues indépendantes, est une carte que Poutine garde sans doute en réserve pour le cas où les relations Occident/Russie deviendraient dramatiques, ce qui est envisageable. Mais même cela ne serait pas encore la guerre, juste un renforcement du mur Occident-Russie avec lequel nous vivons depuis 1945 (avec ou sans béton). Ce mur n’a jamais disparu, il s’est juste déplacé vers l’Est après l’effondrement de l’URSS. Ce qui reste vrai est que le risque d’une confrontation militaire avec utilisation d’armes nucléaires entre les USA et ses rivaux/ennemis ne cesse de croître objectivement, comme le soulignent des analystes américains, et que Poutine, obsédé comme ses compatriotes par WWII, garde à l’esprit. Mais cela demeure un risque.

Quant aux perspectives de « révolution orange » en Russie à la mode ukrainienne, une « navalniade » en quelque sorte, l’auteur semble n’y croire pas trop. Ignorant comme beaucoup la crédibilité de Navalny dans le peuple russe, malgré les 100 millions de vues de la vidéo sur « le Versailles de Poutine ». Beaucoup de Russes pensent sans doute que Staline fut un terrible tyran, et en même temps qu’il a gagné la guerre contre le fascisme. Peut-être soupçonnent-ils aujourd’hui Poutine d’être un voleur, comme le clame Navalny, tout en lui reconnaissant la capacité de guider la nation russe et de confronter ses partenaires/adversaires/ennemis idéologiques, politiques et militaires (les Anglo-saxons principalement).

 

 


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