Des individus raisonnablement lucides face au monde dans lequel ils vivent, il y en a plus qu’on pense. Mais au sein des structures sociales qui s’imposent à nous, il manque le levier pour tout faire basculer. Et je ne le dis pas comme échappatoire à la responsabilité individuelle. Beaucoup de choses sont faites en notre nom auxquelles nous ne pouvons échapper.
Toutes nos structures sont hiérarchisées et pyramidales. Une entreprise privée est une parfaite dictature ou l’immense majorité des créateurs de services et richesses reçoivent un salaire pour solde de tout compte en n’ayant aucun droit de regard sur la production comme la répartition des bénéfices de leur travail. Nos lois sont majoritairement décidées par des bureaucrates non élus et accessoirement par des élus qui ne représentent qu’une classe sociale, la plus éduquée et la plus riche.
Seul une force exogène au système pourrait faire voler en éclat un carcan qui s’impose au corps social et pas seulement à l’individu.
Il n’y a pas l’offre politique crédible pour casser cette camisole de force et l’hypothèse de la prise de conscience massive (masse critique) de la population impliquera un choc d’une violence inouïe pour la réveiller de sa torpeur, condition nécessaire mais nullement suffisante, on le voit avec cette épidémie en cours et la réponse autoritaire (y compris envers les professionnels sur la ligne de front...).
La majorité des gens ne consacrent pas le temps qu’il faudrait pour acquérir la culture politique et économique minimale pour comprendre dans quoi ils baignent leur vie entière.
Nous sommes tous beaucoup plus pauvres financièrement que nous ne le pensons. Le jour où les pouvoirs ne pourront plus cacher cette réalité sous le tapis, l’asymétrie grotesque dans la répartition de richesses et l’ordre des priorités sociales changeront.
Avant cela, je ne suis pas optimiste.