Commentaire de Nicolas Cavaliere
sur « Un Jour Sans Fin » : conquête du temps, amour et liberté


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Nicolas Cavaliere Nicolas Cavaliere 14 mars 2021 16:01

@perlseb

Un système à la fois libre et juste laisse la justice être pratiquée par les citoyens libres en faisant de chacun d’entre eux des magistrats (par tirage au sort). Pour qu’une organisation de ce type fonctionne, il faut nécessairement un minimal de lois. Quand la loi devient une industrie et que les piles de codes s’accumulent, le seul citoyen protégé est celui qui a les moyens de rémunérer un avocat. Les vieilles familles accaparent tout le pouvoir et ont tout loisir d’entretenir les capacités qu’elles souhaitent, y compris les plus reposantes et les plus nuisibles. Si l’argent gagné par un individu au cours de sa vie, ses possessions matérielles, étaient intransmissibles à ses descendants, y aurait-il encore justice, alors que son savoir immatériel peut être reproduit de génération en génération ? La propriété de l’homme libre est-elle juste ?

On ne peut pas définir le travail légitime dans une économie libre. Considérer le spéculateur et l’apiculteur à la même échelle de création de valeur pour la société, c’est préférer le minage de Bitcoin à la production de miel. Or, je n’ai jamais déversé de Bitcoin dans un mug. Il me semble souvent illégitime d’échanger le produit d’une activité immatérielle contre celui d’une activité matérielle. Le labeur de l’apiculteur lui marque bien le corps que celui du spéculateur. Il donne plus de lui-même. Il y a également plus de mérite à tuer un homme à mains nues qu’avec une arme à feu. Par conséquent, si la technologie peut créer autant de céréales que de livres, alors il est légitime que la distribution de tous ces biens soit assurée par la société et qu’il n’y ait plus de propriété privée. Et que les crimes soient jugés par des magistrats tirés au sort. La seule réelle privation de liberté étant dans le travail forcé, dont la nature est contraire aux aspirations du criminel reconnu coupable.

La seule règle, au fond, est de reconnaitre prioritairement le travail qui épuise le plus le corps de ses exécutants. En bien ou en mal.


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