Commentaire de Cazeaux
sur Ils ont décolonisé et puis après ?


Voir l'intégralité des commentaires de cet article

Cazeaux Cazeaux 8 mai 2021 00:40

@Séraphin Lampion

Puis De Gaulle en 62, à cours d’arguments, a fini par invoquer ce discours faussement économique et à l’âme froide, cupide, cynique du capitalisme : « L’Algérie nous coûte plus qu’elle nous rapporte »...continuant en affirmant que détachée de la métropole dont elle était constitutionnellement indivisible, elle ne bénéficierait plus des largesses de l’Etat. 

Sur le 2e point, il a menti comme à son habitude puisque des sommes considérables qu’il est aujourd’hui quasiment impossible d’identifier dans la comptabilité publique n’ont cessé d’etre dépensées à fonds perdus pour la nouvelle Algérie, dont la production agricole n’a pas bougé depuis 1962 avec quatre fois plus d’habitants...

Sur le 1er point c’est une ineptie grossière que d’affirmer que l’Algérie était un « boulet’ dont il fallait se séparer. D’abord, alors que rien ne le justifiait d’aucune manière, nous avons abandonné les gisements de gaz et de pétrole qui eussent permis de garantir notre indépendance énergétique. Ensuite, les investissements qui avaient redoublé à partir du plan de Constantine, bien que saboté assez vite, auguraient un développement économique qui eût fait de l’Algérie le plus riche pays du continent et une terre comparable à la Californie. Il faut songer qu’en 62 l’Algérie avait un PNB égal à celui de la Corée du Sud, laquelle dépasse 200 fois l’Algérie aujourd »hui.

Toutes les conditions étaient réunies pour que l’Algérie explose au plan économique. L’agriculture par exemple y était globalement plus rentable qu’en métropole,le recours aux nouvelles technologies y ayant trente ans d’avance.
Grâce à la filière gazo-pétrolière, une industrialisation qui, elle, manquait jusqu’alors, aurait pu rapidement voir le jour grâce à la main d’oeuvre très qualifiée des Algériens de souche européenne et aux Algériens de souche berbère de plus en plus scolarisés. Il faut des décennies pour qu’une terre vierge produise des fruits en quantité attendue. Qu’on songe aux investissements réalisés aux USA pour que le centre et l’ouest rattrappent puis dépassent l’est. Et en France hexagonale, à suivre le raisonnement des Cartier et autres, statique de petit comptable, nous en serions restés à la région francilienne. 

Enfin, toujours cette légende des colons qui s’en mettent plein les poches, roulant en Cadillac et fumant des cigares.Mon grand-père maternel, propriétaire dans le sud constantinois a eu sa voiture réquisitionnée en 40, et jamais rendue. Et n’ayant pas thésaurisé sur des comptes en Suisse, il est revenu sans plus rien à lâge de 65 ans sur la terre où il s’était battu en 1914, après avoir transformé des hectares de cailloux en une terre agricole rentable donnant du travail à des dizaines d’ouvriers indigènes qui étaient payés et traités pareillement que les Européens.Il est mort ainsi que ma grand-mère, très humblement.

La vérité, en Algérie comme partout en Afrique, l’indépendance a permis aux affairistes occidentaux d’avoir les mains libres pour tirer profit des ressources locales sans plus d’Etat de droit pour les contrôler. Les bénéfices de capitalisme sauvage se sont partagés entre occidentaux véreux et castes despotiques mises au pouvoir grâce au bon vouloir de De Gaulle ; mais rien pour les peuples, rien pour les pauvres.


Voir ce commentaire dans son contexte