Commentaire de Taverne
sur Explication d'un texte de Blaise Pascal sur la raison humaine


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Taverne Taverne 16 juin 2021 16:47

Cet excellent exposé se limite par son sujet : le savoir est décrit comme une accumulation. Si bien qu’il y est question quasi exclusivement d’effet cumulatif : du savoir, des techniques et même du nombre de morts plus nombreux que les vivants.

Il me semble que le mot « jugement » n’y apparaît qu’une fois. Au contraire, les mots ayant trait à l’accumulation, à la quantité, sont légion. Or, à côté du principe de connaissance(1) (qui doit son essor surtout à l’invention de l’écriture : verbale et mathématique), il y a le principe du jugement.

(1) J’ai apporté ma contribution sur le principe de connaissance(voir le tableau).

Ce n’est pas véritablement une critique de ma part car je comprends que ce n’est pas l’objet de cet article sur Pascal.

Mais si l’homme veut progresser et maintenir une société, il doit aussi parfaire son jugement. Or, j’ai le sentiment qu’il a mis cette tâche sur « pause ». L’émotion a remplacé le jugement qui, négligé, n’évolue plus. Si bien que, même vivant en société, l’homme revient peu à peu à l’état animal. Je ne parlerai pas d’ensauvagement car c’est un problème bien plus étendu que cela.

La conversation des contemporains avec les Anciens à travers les livres, qui renforçait notre esprit critique et notre jugement,est écarté au profit de discussions de surface entre contemporains de plus en plus incultes. La polémique du fait divers a remplacé la grande cause, le débat d’idées. Travailler sur soi-même pour avoir un meilleur jugement ? A quoi bon puisque mon instinct, mon émotion et mon fameux « bon sens » font de moi un individu pétri de certitudes. Principe d’immédiateté, de réactivité et de visibilité de mon Moi. Donald Trump est un archétype assez parlant sur ce point. Le jugement écarte la vérité et assène son opinion en érigeant en vérité autre. Les bibliothèques regorgent pourtant de livres. Mais cette accumulation ne vaut plus rien. Il faut reprendre le jugement en main avant que cela ne dégénère vers le pire...

L’être humain redevient animal bien que vivant en société. La société ne suffit plus à garantir son évolution positive. L’effort cumulatif ne compte plus. L’individu contemporain ne croit qu’en lui-même. Science sans conscience...

Ce qui a fait passer l’homme de la superstition à la foi, ce n’est pas l’effet cumulatif des savoirs mais son besoin d’élévation. C’est le langage écrit qui a permis cela (les textes sacrés, les textes philosophiques, les ouvres littéraires : Odyssée, Enéide, etc.). C’est l’élévation de fa faculté de jugement qui a rendu cela possible et non pas l’accumulation et la transmission quantitative. S’il n’était pas passé de superstition à la foi, l’homme en serait encore à voir des esprits partout dans la nature.

L’être humain doit donc reprendre son ouvrage où il l’a laissé. Je veux parler de perfectionner son jugement. Le jugement n’est pas cumulatif. Sa nature est autre.


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