Commentaire de velosolex
sur On manque même de maîtres-nageurs !


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velosolex velosolex 10 août 2022 14:01

@lacerta


J’ai encore quelques pots de confitures de mûres, avec l’étiquette que l’on avait fait l’an passé. « Confitures de la montagne saint Michel- Made in penard bled.... » On y voit la chapelle en haut de la montagne du même nom. Avec le Tuchenn Kador à coté .

J’ai voulu aller voir en vélo l’étendue de la castastrophe. .30 kms par les petites routes du pen ar bed, en faisant des détours . Plus les routes en vélo sont petites, mieux c’est !

Un chevreuil a traversé la route devant moi, comme affolé ! J’ai compris pourquoi, à l’odeur de brûlé, qui montait dans l’air. Une odeur âcre.qui prenait à la gorge et qui sentait la panique des bêtes, et même des arbres. Une lande brûlait au haut Tredudon, attisée par le vent fort. .J’ai vu des habitants avec leur seaux d’eau et leurs pelles, couper la lande pour faire un coupe feu. Moyens dérisoires. Pompiers en état d’alerte total ! . Camions passants à tombeau ouvert. Au loin, des fumerolles s’élevaient partout. On aurait dit la guerre !

J’ai passé la vieille abbaye du Relecq. Le parking était occupé par des véhicules de pompiers. L’abbaye a plus de mille ans, et les moines cisterciens ont imposé dans le temps un système original d’économie mixe. « La Quévaise », a été un moyen de survivre en ces terres désertées, où l’on ne trouve aujourdh’ui pas plus de vingt habitants au km 2. Il proposait un contrat aux métayers qui devaient travailler de façon communautaire avec leurs voisins pour mettre en valeur ces tourbières et ces landes, afin de s’en sortir. On est en plein dedans ! C’est l’esprit de notre dame des landes ! C’est celui de la lutte contre le feu. C’est celui de la lutte contre le réchauffement. J’ai pensé aussi aux Ukrainiens. On pense à plein de choses en vélo. Les pédales remuent les méninges.

J’ai filé vers Brennilis. Le lac est apparu du haut du col comme un mirage. Les anciens situaient la porte des enfers dans le marais entourant la rivière, l’Ellez. C’est là, dans cette tourbière que l’on parcourt en hiver sur des pontons en bois, pour faire le tour du lac, que trainaient les âmes des morts. Ils ont planté là, ans ce paysage d’exception, cette première centrale nucléaire expérimentale, qui fut un gouffre. Un mini Creys Malville, arrêté depuis des lustres. Une ambiance un peu Irlandaise, qui évoque malheusement aussi les steppes d’union soviétique, à cause de ce chancre nucléaire, coquille vide douteuse, dont on remet sans cesse le démontage.

Les feux ont léché les alentours de la centrale. Comme si un pétrolier s’était échoué à l’intérieur des terres. Je n’irai pas avec une pelle et un seau comme à l’époque de l’Amoco Cadix. Je ne mettrai pas ma main au feu que le sous sol n’est pas gorgé de particules n’attendant que les flammes arrivent pour s’envoler. Mais EDF a garanti que l’Ellez a été dépollué. C’est ce que doivent se dire ceux qui se baignent dans le lac, ou péchent. Pas moi ! Ils ont dépéché tout de même un canadair ce jour là. L’ankou devait déjà affuter sa faux.

J’ai laissé le lac derrière moi pour atteindre un point de vue embrassant les collines. C’est là que j’ai vu la silhouette connue de la chapelle Saint-Michel surmontant le mont. Du ! Comme le mois de novembre en langue Bretonne, « Miz-du qui signifie » mois noir« . C’était l’hiver en été. Je me suis arrêté, et j’ai fait demi tour. J’en ai assez vu pour aujourd’hui. Les confiture de mûres ça sera pas pour cette année. Il faudra vivre sur les réserves d’images. »It’s a hard rain gonna fall ! Comme disait Dylan.


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