Commentaire de Antoine Christian LABEL NGONGO
sur La délinquance violente en France


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@sylvain

Votre remarque est pertinente : la relation entre sévérité pénale et niveau de criminalité n’est pas mécanique. En effet, plusieurs études empiriques tendent à montrer que la répression seule ne suffit pas à faire baisser la criminalité, et qu’elle peut même, dans certains cas, l’aggraver (par exemple en renforçant la récidive ou en alimentant des logiques de violence institutionnelle ou sociale).

  1. États-Unis : répression forte, criminalité élevée

    Vous avez raison de souligner le paradoxe américain : forte répression, incarcération massive, mais taux de criminalité violente très élevés (notamment les homicides par armes à feu). Cela tend à prouver que la peur de la sanction ne suffit pas à dissuader, surtout dans des sociétés inégalitaires où les causes profondes (pauvreté, accès aux armes, fractures raciales) ne sont pas traitées.

  2. La France se situe dans une position intermédiaire : ni ultra-sécuritaire comme les États-Unis, ni minimaliste comme les pays scandinaves.

    Un système pénal relativement sévère.

    • Taux d’incarcération : environ 110 détenus pour 100 000 habitants (données récentes), c’est plus que l’Allemagne ou les pays nordiques, mais nettement moins que les États-Unis (plus de 600).

    • Durée des peines : les peines de prison sont souvent longues en France (notamment pour les récidivistes), et les juridictions sont relativement sévères dans certains domaines (trafic de stupéfiants, violences aux personnes).

    • Il y a également eu un durcissement législatif régulier (lois antiterroristes, sécurité intérieure, réforme de la justice pénale des mineurs…).

    La criminalité en France n’est pas en explosion, contrairement à certains discours politiques. Elle se transforme : moins de cambriolages ou de vols à la tire qu’avant, mais hausse des violences intrafamiliales, sexuelles, ou encore des règlements de comptes liés au trafic de drogue dans certains territoires.  
  3. En résumé, la sévérité pénale n’est ni inutile ni suffisante : tout dépend de son usage, de son ciblage, et surtout de ce qu’il y a autour d’elle. La question centrale est peut-être moins « faut-il punir davantage ? », que « pourquoi les gens commettent-ils des crimes, et comment éviter qu’ils y soient poussés ? ».

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